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Algérie : le parti islamiste MSP quitte l’alliance présidentielle mais reste au gouvernement

Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a décidé de se séparer de ses deux partenaires au sein de l’alliance présidentielle, le Front de Libération Nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND). Le parti islamiste ne quitte pas pour autant le gouvernement et y maintient ses quatre ministres. Cette scission intervient en vue des élections législatives, au printemps prochain.



Aujourd’hui, le parti islamiste ne soutient plus ses deux alliés mais défend toujours le président Abdelaziz Bouteflika AFP/Fayez Nureldine
Aujourd’hui, le parti islamiste ne soutient plus ses deux alliés mais défend toujours le président Abdelaziz Bouteflika AFP/Fayez Nureldine
Les islamistes du MSP ont annoncé leur décision dimanche 1er janvier 2011, à l’issue de la réunion du conseil consultatif (madjliss echoura) du parti. Ils quittent leurs deux alliés mais ne retirent pas leurs ministres du gouvernement. Dans une perspective électorale, le chef de file du parti, Bouguerra Soltani, s’est dit convaincu d’un prochain raz-de-marée islamiste en Algérie, à l’instar des récents bons scores obtenus par les islamistes en Tunisie, en Egypte et au Maroc. Néanmoins, en voulant, à la fois, prendre ses distances avec le pouvoir en quittant l’Alliance et ne pas retirer ses ministres du gouvernement, le MSP a affiché une position d’entre deux – officiellement, pour ménager les différents courants au sein même du parti.

Contacté par RFI, Abderezak Makri, vice-président du MSP, a précisé que le débat a été effectivement « très difficile » et qu’il fallait maintenant se préparer aux élections.

Abderezak Makri, vice-président du MSP: "Il ne s’agit plus de soutenir le programme de Monsieur le Président ; il s’agit maintenant de se préparer aux élections et de soutenir notre programme".

Les dissensions avec le FLN et le RND sont apparues essentiellement au cours des derniers mois. Le MSP avait alors créé la surprise en votant contre les réformes. Aujourd’hui, le parti islamiste ne soutient plus ses deux alliés mais défend toujours le président algérien. Une façon, dit le parti islamiste, de s’opposer à un système, et tout cela, dans la foulée des soulèvements et révolutions arabes. Abderezak Makri, a d’ailleurs insisté sur le fait que son mouvement est précisément en train de faire « une grande pression sur le gouvernement pour aller vers de véritables réformes ».

Calculs politiciens

Quel est donc le jeu joué par les islamistes du MSP en Algérie ? C’est la question qui se pose, après la décision prise ce week-end par le parti. Officiellement, le MSP critique donc ses alliés et plaide pour une réforme démocratique. Le RND dit regretter la décision et la minimise. Contacté par RFI, Miloud Chorfi, porte-parole du RND, parle de « calculs politiciens ».

Miloud Chorfi, porte-parole du RND: "Tout le monde est en pré-campagne. Ce sont des calculs politiciens".

De son côté, le FLN a qualifié la décision du MSP de « non événement ».

Une opposition de façade

Si cette décision n'ébranle pas plus les ex-alliés du MSP, c'est peut-être qu'ils savent que le parti a toujours marché main dans la main avec le pouvoir et que s'il s'en écarte ce n'est qu'une façade, pour mieux servir la politique présidentielle. C'est en tout cas l'idée défendue par certains politologues algériens.

C’est une opération d’adéquation par rapport à ce qui se passe en Tunisie, en Egypte et au Maroc afin que l’Algérie ait enfin une opposition, même si c’est une opposition islamiste de façade. L’Algérie apparaît aujourd’hui comme étant le seul pays n’ayant pas d’opposition islamiste – tous les partis islamistes étant inféodés au président et au régime – une situation qui, à ce titre, apparait comme « anormale ».

C’est aussi l’analyse de Selma Belaala, spécialiste de l’islam politique, chercheure à l’université de Warwick, au Royaume Uni. Invitée de RFI, elle ajoute qu’en quittant la coalition pour se constituer en opposition de façade, les islamistes vont pouvoir canaliser le vote islamiste et répondre à la préoccupation de la présidence algérienne qui aujourd’hui, est celle de montrer que « le pouvoir algérien n’est pas en marge des transitions politiques et que les islamistes constituent une pièce maitresse dans ce jeu politique ».
Source: RFI


Mardi 3 Janvier 2012 - 12:24


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