Bangladesh: quatre condamnations à mort pour le meurtre à la machette d'un écrivain

Un tribunal du Bangladesh a condamné mercredi à la mort par pendaison quatre extrémistes reconnus coupables de l'assassinat à coups de machette, en 2004, du célèbre écrivain Humayaun Azad pendant un salon du livre.

Ce meurtre avait marqué le début d'une sanglante vague d'attentats contre des partisans de la liberté d'expression au Bangladesh, pays à majorité musulmane.

Les images de M. Azad en sang après l'attaque avaient choqué le pays, et des milliers de personnes avaient manifesté en signe de deuil quand l'écrivain de 56 ans était mort plusieurs mois plus tard en Allemagne, où il était soigné.

"Quatre personnes ont été condamnées à mort pour le meurtre, dont deux par contumace", a déclaré à l'AFP Abdullah Abu, le procureur en chef de la capitale Dacca.

Les deux personnes condamnées par contumace sont en fuite.

Un cinquième accusé avait été tué par balles par la police en 2014 au cours d'une tentative présumée d'évasion d'un fourgon cellulaire.

Les coupables appartenaient au Jamayetul Mujahideen Bangladesh (JMB), une organisation islamiste radicale interdite, dont le chef avait ordonné l'assassinat de M. Azad parce qu'il avait publié un livre critique et ironique contre les fondamentalistes musulmans.

Cette organisation est également responsable de plusieurs attentats meurtriers à la bombe au début des années 2000 au Bangladesh. Plusieurs de ses dirigeants ont été exécutés en 2007.

Par la suite, une organisation émule du JMB s'est livrée, à partir de 2013, à une vague de meurtres de blogueurs athées et laïcs et de défenseurs des homosexuels, poussant nombre d'activistes à fuir le Bangladesh.

Onze ans après l'assassinat de M. Azad, un auteur et blogueur athée, Avijit Roy, ressortissant américain d'origine bangladaise, avait été poignardé à mort à Dacca alors qu'il sortait du même salon du livre.

Un attentat contre un café de Dacca en 2016, qui avait fait 22 morts dont 18 étrangers, avait ensuite déclenché une brutale répression des autorités contre les groupes radicaux. Les forces de sécurité ont depuis abattu une centaine d'extrémistes et arrêté environ un millier d'autres.