Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

Editorial du CDPJ: Nous veillons



Le coordonnateur du CDPJ et secrétaire général adjoint du SYNPICS, Ibrahima Khaliloulah Ndiaye après la marche contre l'agression de Kara et de Kambel
Le coordonnateur du CDPJ et secrétaire général adjoint du SYNPICS, Ibrahima Khaliloulah Ndiaye après la marche contre l'agression de Kara et de Kambel
Le monstre est toujours là. Nous veillons, plus vigilants et déterminés que jamais. Nous sommes décidés à lui faire face pour exercer librement notre métier. Pour que les libertés, toutes les libertés inscrites dans la Constitution soient respectées par tous. Voilà un an, jour pour jour, que nos confrères Boubacar Kambel Dieng chef du Desk Sport de la Radio Futurs média (Rfm) et Karamokho Thioune de West africa democracy radio (Wadr) ont été sauvagement agressés par des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente de la Police nationale (Bip) à l’occasion d’un match de l’équipe nationale sénégalaise de football au stade de l’Amitié à Dakar alors qu’ils accomplissaient dans le strict respect des règles conventionnelles internationales adoptées et ratifiées par le Sénégal, leur travail. Jusqu’ici aucune explication de cet acte inqualifiable n’a été fournie outre que celle qui découlerait d’un monopole de la violence.

Agression d’autant plus barbare, que les échos des coups des tortionnaires et les plaintes des suppliciés continuent de raisonner dans nos oreilles. Une mobilisation exceptionnelle s’en est suivie au Sénégal et ailleurs derrière le Collectif pour la défense et la protection des journalistes (Cpdj), spontanément institué dès le lendemain du forfait et unanimement soutenu par tous les démocrates du pays, tous les hommes et les femmes épris de justice sociale et soucieux du respect des Droits de l’homme, de la liberté d’expression, du libre exercice d’un métier, celui d’informer tout aussi valeureux et valorisant que n’importe quel autre rôle ou fonction en société, bref tout ce que le pays compte de démocrates sincères et de résolus Républicains, « debout [et] frères » pour la défense de toutes les libertés garanties par la Constitution et les textes fondamentaux de la République.

Cette mobilisation sans faille qui est allée crescendo obligea l’Exécutif d’abord, à devoir se justifier devant l’opinion nationale et internationale même si le ministre de l’Intérieur et celui de l’Information concomitamment ont cherché à se défausser sur les journalistes et les professionnels de la communication qu’ils ont, à la limite, désignés comme étant les agresseurs des « pauvres » policiers qui n’ont eu que leurs matraques électriques pour se défendre,-une thèse que le chef de l’Etat en personne a défendue à Washington, répondant aux questions de nos confrères de la Voix d’Amérique.

La majorité politique ensuite, de déclarer une guerre sans merci aux journalistes qui refusent d’être aux ordres. On saccagea les locaux des nos confrères de l’As et de 24H chrono. Des nervis identifiés par la police ont d’une seule voix, désigné leur commanditaire devant les enquêteurs et le juge d’instruction, récidivant devant la barre du tribunal. Ils avaient fait la sale besogne. Les véritables responsables dont les noms sont connus de tous aujourd’hui courent, eux, encore. Ils sont protégés en haut lieu et narguent leur monde. Pour le moment, car le jugement de l’histoire nous rattrape le plus souvent et ses arrêts sont sans appel.

Par ailleurs, si sous la pression de l’opinion nationale et internationale, les tenants du pouvoir ont concédé à ouvrir une information judiciaire dans l’affaire Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune et qu’un juge d’instruction a hérité du dossier, une commission rogatoire désignée, des témoins entendus.

Depuis, plus rien. Les autorités donnent du temps au temps pour que l’impunité perdure et que les libertés soient sous contrôle. Gare aux mal-pensants ! Pourtant ces libertés, toutes ces libertés pour la défense desquelles le Cdpj et avec lui, tous ceux, nombreux au Sénégal, se sont mobilisés depuis un an, fondent la République et son mode de gouvernance adoptée qui est la démocratie où tout homme doit être libre d’exercer, de parler, d’écrire, d’imprimer et publier ses pensées, sans pouvoir être arrêté, ni détenu, que selon les formes déterminées par la Loi.

Ce n’est malheureusement pas toujours le cas au Sénégal où les journalistes, pour ne citer que ceux-là, font l’objet de toutes sortes brimades depuis 2000, de toutes sortes de vexations par le fait des pouvoirs, tous les pouvoirs qui se disputent l’espace public.

Une violence contre toute une corporation qui a culminé le 21 juin 2008 avec les sévices endurés par nos confrères Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune, suppliciés par des individus qui sont pourtant chargés de protéger les citoyens au lieu de les violenter. Il est heureux qu’ils soient de simples cas isolés au sein d’une police pour laquelle, les journalistes n’ont que respect et considération. Une police qui n’est pas seulement composée de tels individus dont les comportements violents illégitimes sont d’autant plus répréhensibles qu’ils ont été facilités par leur statut et leurs équipements, privilèges que leur accorde l’Etat au nom de la suprématie de l’intérêt public.

Cet intérêt général commande plutôt que les missions légitimes de police ne se confondent nullement au souci de plaire au Prince, de casser par conséquent du journaliste ou de l’honnête citoyen. La frontière est ténue entre la violence légitime et celle qui est illégitime. Pour notre part, nous continuons à réclamer justice pour que l’exercice du métier de journaliste ou de tout autre métier d’ailleurs, ne soit plus synonyme au Sénégal d’humiliation, d’abaissement, de prison et de lit d’hôpital. Nous veillons !

Les régimes passent. Le journalisme lui, reste.

CDPJ

Samedi 20 Juin 2009 - 12:46


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter