Texte de la question
Sénégal Numérique S.A. (SENUM S.A.) a remplacé, depuis décembre 2021, l'Agence de l'Informatique de l'État (ADIE). Elle est chargée de la mise en œuvre de la politique d'informatisation de l'État ainsi que de la gestion des infrastructures numériques nationales.
En accédant au cercle restreint des nations productrices d'hydrocarbures et en partageant une partie de ses frontières avec des zones d'opérations terroristes, le Sénégal voit croître son niveau d'exposition aux cybermenaces, notamment le cyberespionnage et les cyberattaques. Dans ce contexte, la sécurisation des données et des infrastructures numériques nationales devient un impératif vital. Nul, en particulier les firmes étrangères, ne devrait intervenir ni accéder à ces données et infrastructures dans des conditions opaques, au risque d'exposer notre pays.
C'est dans ce cadre qu'il nous est revenu que la SENUM S.A. a fait appel, dans des conditions semblant déroger aux règles de passation des marchés publics, à une firme française dénommée DIG DASH. Sur la base de documents internes reçus et exploités par nos soins, il ressort que cette firme aurait accès à certaines parties sensibles de notre infrastructure numérique et bénéficierait de la collaboration de plusieurs cadres impliqués dans la mise en œuvre de la politique d'informatisation de l'État et dans la gestion des infrastructures numériques.
L'accès d'une organisation tierce, de surcroît étrangère, à nos données et infrastructures nationales pourrait lui permettre, par exemple, d'installer des backdoors facilitant un accès à distance, non autorisé, à des informations hautement sensibles susceptibles de renseigner sur des éléments déterminants, notamment relatifs au fonctionnement de notre Administration et aux données personnelles des citoyens sénégalais.
Une telle situation n'aurait jamais pu se produire sans l'existence de dysfonctionnements dans la gouvernance (Conseil d'Administration) et le top management (Direction générale) de la SENUM S.A. En effet, avec toutes les compétences dont dispose l'organisation et, au-delà, le Sénégal, dans les domaines relevant de ses missions, il est difficilement défendable de recourir à des expertises étrangères. Une gestion participative, intégrée et proactive des ressources disponibles aurait permis d'éviter cette situation. De plus, les conditions de passation des marchés publics au sein de l'organisation semblent manquer de transparence.
Enfin, il convient de rappeler que les solutions souscrites, par abonnement annuel, auprès de DIG DASH sont déjà incluses dans le contrat-cadre entre l'État du Sénégal et la firme Microsoft (Power BI et MS Project).
Au regard du caractère préoccupant de la situation en cours au sein de la SENUM S.A., nous vous prions de bien vouloir nous édifier sur :
1. La justification, les conditions contractuelles ainsi que le périmètre d'intervention de la firme française DIG DASH;
2. Les mesures de sécurité, voire de défense de notre souveraineté numérique, mises en place ou prévues afin de prévenir tout risque de cyberespionnage ou de cyberattaque;
3. Les initiatives énergiques que vous comptez entreprendre afin d'amener l'organe de gouvernance et, surtout, la Direction générale de la SENUM S.A. à instaurer une gestion plus transparente et plus efficace, notamment en:
Optimisant l'utilisation et l'inclusion de l'ensemble des ressources humaines disponibles dans la réalisation des missions dévolues à l'organisation;
Assurant une plus grande clarté et transparence dans la passation des marchés publics.
Dakar, le 27 octobre 2025
Thierno Alassane Sall
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