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Israël: la conscription des ultra-orthodoxes divise profondément le pays

Crise politique en Israël autour de la conscription des étudiants ultra-orthodoxes. La loi sur leur exemption de service militaire arrive à échéance ce dimanche 31 mars au soir sans qu'aucune solution n'ait été trouvée.



C’est le sujet qui divise profondément les Israéliens depuis des décennies, mais en pleine guerre à Gaza plus que jamais. La loi qui permet l’exemption de service militaire pour les étudiants de Yeshiva, les instituts talmudiques, est de plus en plus discutée, pointe notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.
 
En banlieue de Tel Aviv, un groupe de jeunes barbus, costume noir, chapeau noir et chemise blanche, style typique des ultraorthodoxes, s'est massé devant un bureau de recrutement de l’armée, rapporte notre correspondant en Israël, Sami Boukhelifa. Haïm a 18 ans et a formulaire d'exemption à la main, « signé par mon rabbin et par l’armée », explique le jeune religieux. Pas question d’aller à l’armée. Sa mission à lui est d'étudier la religion. « Je vous le dis de façon catégorique : l’armée ne parviendra pas à enrôler un seul ultraorthodoxe. Et l’État ne pourra pas non plus nous y obliger. Ma croyance, c’est que l’étude de la Torah protège Israël. Sans l’étude de la Torah, les soldats ne pourraient même pas exister. Nous protégerons les soldats, grâce au pouvoir de l’étude de la Torah ».
 
Quelques mètres plus loin, Shalom, lui aussi jeune religieux, mais qui se définit comme un ultraorthodoxe moderne, a une position moins tranchée. « Pour accepter de rejoindre l’armée, on demande des choses simples : que la nourriture soit casher [selon nos critères] et qu’il n’y ait pas de mixité hommes femmes. Si nous obtenions tout ça, nous pourrions aller à l’armée, j’ai déjà plein d’amis ultraorthodoxes qui ont fait l’armée et j’espère qu’il y en aura davantage, mais ça prendra des années. »
 
« Ils ont peur d’être dilués dans la société laïque »
Loin des casernes, à Jérusalem, la chercheuse Rivka Ben Chakhar, maître de conférence au Sapir Academic College, elle-même issue du milieu ultraorthodoxe, plaide pour la fin de l’exemption. « Le problème actuel, c’est que les ultraorthodoxes souhaitent protéger leur communauté. Ils n’ont pas peur de mourir à la guerre, mais ils ont peur d’être dilués dans la société laïque. Car l’armée n’est pas un lieu propice à la religion. Mais nous avons plus que jamais besoin de soldats. »
 
À l’origine, le premier chef de gouvernement israélien, David Ben Gourion, avait permis à quelque 400 ultra-orthodoxes d’étudier la Torah et les textes sacrés au lieu de servir sous les drapeaux. Ils sont maintenant des dizaines de milliers à bénéficier de cette exemption. Sur les 66 000 ultraorthodoxes en âge de combattre, seuls 540 ont rejoint l’armée depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas.
 
De l'avis général, un changement s’impose. L’actuelle loi prolongée à quatre reprises arrive à expiration ce soir à minuit. Et, en principe, donc, dès le 1er avril, les jeunes ultra-orthodoxes pourraient être contraints d’effectuer un service militaire.
 
Dans un premier temps, la Cour suprême israélienne a ordonné la cessation du financement des écoles rabbiniques et des bourses accordées à leurs étudiants. Une situation qui, en théorie, pourrait entraîner la chute de l'actuel gouvernement israélien et provoquer de nouvelles élections. Un scénario toutefois improbable. Dans le passé, ce genre de crises a fini par être solutionnée – parfois de manière bancale – et souvent au tout dernier moment.

RFI

Lundi 1 Avril 2024 - 15:57


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