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Joe Biden débute sa tournée du Moyen-Orient en Israël et dans les Territoires palestiniens

Le président américain Joe Biden arrive mercredi 13 juillet en Israël, pour le début d’une tournée au Moyen-Orient qui le mènera également dans les Territoires palestiniens, dans une visite importante pour les Palestiniens car l’Américain se présente comme un opposant de la colonisation. Il ira ensuite en Arabie saoudite, la dernière étape et sans doute la plus importante de son voyage. Les Israéliens comptent sur leur allié américain pour initier un rapprochement avec Riyad, dans la droite ligne des accords de normalisations entre l’État hébreu et les pays arabes.



Une normalisation complète des relations entre l’Arabie Saoudite et Israël, « cela ne se fera pas du jour au lendemain », confie, lucide, un haut responsable israélien. Cela avant d’ajouter rapidement « il y a toutefois de nouvelles opportunités dans la région ».
 
Car Saoudiens et Israéliens ont un ennemi commun: la République islamique d’Iran. « Avant, c’était les arabes contre les juifs. Aujourd’hui, ce sont les modérés contre les radicaux », explique ce responsable. Comprendre : il est temps de nouer une alliance stratégique régionale, une sorte de pacte militaire pour faire front contre Téhéran, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa
 
L’État hébreu compte donc sur le président américain Joe Biden pour favoriser cette convergence d’intérêts, avec les autres alliés de Washington au Moyen-Orient.
 
Après la première étape, il s’agira ensuite « d’étendre le cercle des normalisations, car les opportunités sont infinies, confie cette même source israélienne. L’idée est de nouer des liens entre les populations israélienne et saoudienne. Travailler ensemble, étudier ensemble, écrire une histoire commune ».
 
Comme symbole de ce rapprochement, le président américain s’envolera directement depuis Israël vers l’Arabie Saoudite, vendredi 15 juillet : un vol direct Tel Aviv-Djedda qui sera une première dans l’histoire des deux pays.
 
Les Palestiniens sans illusion quant à la visite de Joe Biden
Comme toutes les administrations américaines successives, celle de Joe Biden ne fait pas exception : elle est profondément attachée à son allié israélien. Mais en même temps, le chef de la Maison Blanche se présente comme un opposant à la colonisation. Pourtant, celle-ci se poursuit inexorablement et en toute illégalité. Que ce soit en Cisjordanie occupée ou à Jérusalem-est, partie palestinienne de la ville sainte.
 
Sur les toits de Silwan, quartier palestinien de Jérusalem-Est, drapeaux israéliens et croissants de lune au symbole de l’Islam se font face. Arabes, colons juifs, chacun veut marquer son territoire.
 
« La mairie de Jérusalem détruit les maisons des Palestiniens, s’indigne Fakhri Abu Diab, né et habitant de Silwan depuis 60 ans. D’abord ils nous ont dit : vos maisons ont été construites sans permis. La plupart des maisons que vous voyez ici existent depuis bien avant l’occupation israélienne. Ensuite, la mairie a changé de discours, car la question est purement politique. Ils nous disent : tout votre quartier est un héritage culturel, civilisationnel et religieux du peuple juif, et donc il faut raser vos maisons et les remplacer par une sorte de parc national, de sanctuaire juif. Leur objectif est clair : ils veulent expulser les Palestiniens, et nous remplacer par des colons. »
 
« Les Américains préfèrent utiliser leur droit de veto pour protéger la colonisation »
Selon le Centre de Jérusalem pour les droits économiques et sociaux, une ONG palestinienne, 23 000 avis de démolition sont actuellement en cours. Ils visent des maisons appartenant à des Palestiniens à Jérusalem. Pour le directeur de cette ONG, Zyad el Hamouri, le président américain Joe Biden n’y changera rien :
 
« Les États-Unis sont le principal allié d’Israël. S’il n’y avait qu’un seul pays pour faire pression sur Israël, ce serait les États-Unis. Mais les Américains préfèrent utiliser leur droit de veto pour protéger la colonisation. Si aujourd’hui on nous disait : c’est bon, vous pouvez établir votre pays, la Palestine, ce serait impossible. Nous n’avons plus de continuité territoriale entre les villes palestiniennes. Que ce soit à Hébron, à Naplouse ou à Ramallah, nous sommes assiégés par les colonies. »
 
Plus de 200 000 colons israéliens vivent à Jérusalem-Est. Ils sont près d’un demi-million en Cisjordanie occupée, selon les chiffres de 2020 de l’ONG israélienne B’Tselem.
 
« La visite de Biden n’apporte vraiment rien de bon »
Si à Jérusalem, il est impossible d’ignorer sa visite - des drapeaux américains sont accrochées sur presque tous les lampadaires du centre-ville, le vrombissement des hélicoptères américains se fait entendre depuis quelques jours et les grands axes de circulations sont bloqués -, les Palestiniens à Ramallah n’attendent rien de la visite du président américain, qui doit se rendre à Bethléem, où il rencontrera brièvement Mahmoud Abbas, son homologue palestinien.
 
Personne ne parle de la visite de Joe Biden à Ramallah. L’Autorité palestinienne a bien présenté cinq requêtes au président américain : rétablissement d’un horizon politique, réouverture du consulat américain à Jérusalem Est, pressions sur les israéliens, rétablissement de l’aide financière ou le retrait de l’Organisation de libération de la Palestine de la liste des organisations terroristes. Mais l’espoir est mince, rapporte notre correspondante à Ramallah, Alice Froussard.
 
Pire, y croire est absurde, estime Dimitri Diliani, membre du conseil révolutionnaire du Fatah : « La visite de [Joe] Biden n’apporte vraiment rien de bon, contrairement aux déclarations bien trop optimistes et irréalistes qu’a faites l’autorité palestinienne, impuissante et sans espoir. Ce n’est qu’une liste de vœux, ça ne peut être rien de sérieux : ces problèmes sont majeurs, ce sont des obstacles majeurs à la paix et nécessitent au moins quatre ou cinq jours de discussions continues ! »
 
Nombreux comme lui ne voient en Joe Biden que quelqu’un qui soutient Israël ou qui ne fera que consolider le statut quo, soit le système d'occupation israélienne. « Son objectif est clairement d'essayer de créer une alliance militaire et de renseignement entre Israël et certains pays arabes au détriment des Palestiniens », lance Mustafa Barghouti, secrétaire général et cofondateur de l'Initiative nationale palestinienne.
 
Une phrase revient par rapport au président américain : les Palestiniens insistent « qu’il donne près de quatre milliards de dollars par an à l’armée israélienne », et « qu’il n’offre à certains palestiniens que des miettes de pains ».

RFI

Mercredi 13 Juillet 2022 - 09:30


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