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Ligue des champions 8e finale: Les leçons tactiques de Barça-Milan

Enfin, après tant d’échecs, le Barça a réussi son exploit. La fameuse Remuntada. Ou alors le Milan a encore manqué le sien, après l’élimination de l’édition précédente. Analyse tactique de la métamorphose barcelonaise et d’une nouvelle défaite d’Allegri au plus haut niveau.



Lionel Messi (Barcelone) vs Philippe Mexes (Milan)
Lionel Messi (Barcelone) vs Philippe Mexes (Milan)
La première erreur tactique est à mettre sur le compte du club blaugrana : communiquer autour de la #Remuntada pour finalement tenter d’effrayer l’adversaire en lui rappelant simplement que «nous sommes une équipe », c’est plutôt osé. Comme à son habitude, le Camp Nou se remplit vers 20h35 et on entend même les « Forza Milan » des rossoneri. L’électricité se trouve donc plutôt sur la pelouse qu’en tribunes. Et même plus précisément du côté des bancs de touche, sur la ligne SMS Roura-Vilanova. Après le match aller et les défaites contre Madrid, le Barça  devait changer quelque chose. Remonter, grandir, se dépasser. Mais où ? Quand ? Et à quel point ?

Enfin, le Barça joue avec un vrai numéro 9 !

Vilanova (si c’est bien lui) a été chirurgical : quatre changements, tous majeurs. D’une, la position de David Villa  change tout. L’asturien vient s’installer entre Zapata et Mexès, et ne quitte plus le fauteuil. Pesant, fatigant, irritant, il reste là, fait les appels qu’il faut, et occupe les esprits de la défense. Après vingt minutes, sans avoir touché un seul ballon, Villa a bouleversé le match : Mexès et Zapata ne peuvent plus « voir venir ». A Milan, tout venait de devant. Là, il y en a un peu à leur droite, beaucoup à leur gauche, mais aussi dans leur dos. De deux, on a revu Messi toucher beaucoup de ballons, comme s’il était libéré par la position fixe de Villa A droite, dans l’axe, au milieu, il redevient imprévisible car il oublie d’ « occuper l’axe ».

De trois, la distribution de Xavi . Alors qu’on a connu l’espagnol plutôt calculateur et prudent, hier Xavi prend rapidement le risque de la longue transversale. A chacune de ses prises de balle lors des cinq premières minutes, le menton est haut et les yeux cherchent la faille au loin. Vers Villa, vers Alves. De quatre, Jordi Alba  a la consigne de veiller derrière, c’est à dire de faire du Abidal. On ne parlera jamais assez de l’importance des longs compas du Français dans l’assise défensive du Barça de Pep. Face à Abate et Boateng, Alba laisse le côté gauche à Iniesta-Pedro. Du côté des milanais, vêtus du même blanc qu’en 1994, on attendait le même système qu’à l’aller, son double rideau, son milieu à trois, et ses trois contre-attaquants. Le problème, c’est que Roura et Vilanova étaient prévenus.

Intensité, physique, pressing

Le Barça, lui, a une recette. On écarte le plus possible, et on contourne le bloc axial milanais. Le 4-3-3 n’est plus : 3 défenseurs, la seule paire Busquets-Xavi au nettoyage, et les associations Messi-Alves et Iniesta-Pedro. Avec Villa planté devant et un joueur en moins à la construction, on pourrait croire que le Barça perdrait en qualité d’élaboration de l’action, mais l’absence de Villa donne en fait plus d’espaces aux incursions de Xavi-Iniesta-Messi entre les deux lignes. Par moments, on retrouve le Barça intraitable de 2009-2011 et son adversaire étouffé qui bégaye son football. Dani Alves  a de la dynamite dans les jambes, Busquets est un mur, le replacement de Xavi est intelligent. L’intensité des dix premières minutes était capitale. A Milan, le Diavolo avait gagné une partie de son match là-dessus. A Barcelone, il a suffi de cinq minutes pour faire comprendre que toute attaque milanaise deviendrait une mission commando vouée à l’échec.

Trois buts indignes d’une italienne

5ème minute. Busquets, toujours plus intelligent que tous les autres, tombe sur un contact avec Boateng. Quand Milan se déconcentre, Sergio joue vite. Lucarne. Le deuxième but vient immédiatement après le poteau de Niang. Nouvelle déconcentration, perte de balle d’Ambrosini. Messi, encore. Et quelle vitesse d’exécution : il est là, le vrai spectacle du Barça. La même vitesse que l’on retrouve sur le troisième but : interception incroyable de Mascherano, jusqu’à que Xavi projette une passe à 55km/h vers Villa. Constant n’est qu’un courant d’air pour le 7. 3-0. 

Trois buts qu’une équipe italienne ne « devrait » pas prendre, que le Grande Milan n’aurait jamais encaissé. Où est passé cet art de contrôler les différents moments d’un match, le rythme des fautes, les temps morts ? Et si ce Milan n’avait tout simplement pas le niveau ? Ambrosini n’a jamais été Gattuso, Constant découvre presque le poste de défenseur, Boateng ne sera jamais un trequartista et Robinho n’a même pas l’intelligence de jouer dans la surface un coup-franc à la 91ème minute. Enfin, comment Messi peut-il réussir une remise de la tête dans la surface milanaise ? Lucio et Samuel ont dû bien se marrer.

Et pourtant, le Milan y croira jusqu’au bout…

Si la position de Villa libère des espaces, elle enlève une arme défensive au Barça. Tout au long du match, le Barça contrôle le jeu, mais n’a pas d’assurance défensive. A chaque montée d’Alba, Roura transpire. Aurait-on imaginé ces dégagements de Mascherano et Piqué il y a deux ans ? Le Milan a toujours eu la place, mais n’a pas été assez bon pour en profiter. Même Montolivo, qu’on aurait pu imaginer en sauveur, se noie. On croit revoir la prestation de Pirlo en finale de l’Euro. Chaque brèche est l’occasion d’un nouvel échec. Et puis il y a ce manqué de Niang…

« Le football se joue sur quelques centimètres », dira Allegri. Sur des choix tactiques aussi, Massimiliano. Ramires avait réussi son piqué, lui. Robinho ou Bojan l’auraient peut-être mis, personne ne le saura jamais. Mais Allegri aurait-il pu changer de plan en cours de match ? Après La Corogne et Liverpool , le Diavolo démontre une fois de plus cette incapacité étonnante à tenir un score extrêmement favorable. Finalement, Mourinho et Di Matteo n’étaient peut-être pas si nuls…
Markus Kaufmann (Sofoot.com)

Jean Louis DJIBA

Mercredi 13 Mars 2013 - 18:17


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