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Michel Gohou assène ses vérités : "on ne faisait que des répétitions à "Ma Famille"

"Ma Famille" s’est disloquée. Les principaux acteurs ont quitté ce téléfilm ivoirien qui a longtemps tenu en haleine le public francophone d’Afrique et d’ailleurs. Michel Gohou explique, sans détour les raisons du clash tout en passant au crible les difficultés du cinéma africain. Le comédien a, en outre estimé que la 40e édition du FESPACO s’est soldée par un fiasco. Et s’il y a selon lui une réussite, c’est du point de vue des rencontres et des échanges. Entretien !



Michel Gohou assène ses vérités : "on ne faisait que des répétitions à "Ma Famille"
Votre divorce avec la série "Ma Famille" a suscité un tollé en Côte d’ivoire et ailleurs. D’aucuns ont dit que vous avez abandonné le téléfilm qui a beaucoup contribué à votre célébrité. Qu’en dites-vous ?

En fait, cela a été une incompréhension que les gens ont interprétée pour en faire une affaire d’Etat. D’abord, je tiens à dire ici au Burkina que j’ai été connu à travers ‘’Les Guignols d’Abidjan’’. Les Guignols ont été crées depuis 1996 et on a véhiculé nos films à travers l’Occident et de là, ils se sont répandus sur l’Afrique parce que notre public premier était l’Occident. C’était une manière de ramener nos frères de la diaspora qui sont partis depuis belle lurette et qui ont eu à faire des enfants là bas coupés un peu de leur terre, leur culture. Pour nous, dans un premier temps, il fallait faire ces films et aller à leur rencontre. C’est ce que nous avons fait et ces films ont commencé à être suivis en Afrique. Et les premiers pays en Afrique qui ont découvert ‘’Les Guignols d’Abidjan’’, sont ceux d’Afrique centrale c’est-à-dire le Gabon, le Congo, la Centrafrique et ensuite l’Afrique de l’Ouest avec le Burkina Faso, le Bénin, le Togo avant que la Côte d’Ivoire même ne découvre ‘’Les Guignols d’Abidjan’’. Vous voyez, au Burkina quand je venais déjà, plein d’amis me connaissaient déjà à travers ‘’les Guignols d’Abidjan’’, notamment Anatole Bayala qui était un grand ami à moi (paix à son âme) ! C’est pour dire que ce n’est pas à travers ‘’Ma famille’’ que j’ai été connu au Burkina. Peut-être que cela a contribué après.


Michel Gohou assène ses vérités : "on ne faisait que des répétitions à "Ma Famille"
Qu’est ce qui est à l’origine de votre déconvenue ?

Bon, qu’est-ce qui s’est passé? C’est vrai, on a eu à travailler ensemble. Mais en toute chose il y a toujours une fin ! Quand on commence quelque chose il faut prétendre arriver à une fin. Voilà, nous avons commencé ensemble une belle aventure avec Akissi Delta. Aventure qui a duré six ans. Et six ans, je n’avais pas de contrat. Donc on travaillait dans l’informel. Après six ans, vous devrez vous-même remarquer que les sujets étaient devenus un peu faibles et on ne faisait que des répétitions. Elle-même (Akissi Delta) l’a remarqué et elle était un peu bloquée au niveau de la créativité. C’est ainsi qu’elle a décidé d’arrêter avec ‘’Ma famille’’. Au secret d’Akissi, c’est un autre projet qu’elle était en train de mettre sur pied. Elle a même organisé une réception chez elle pour fêter la fin de ‘’Ma famille’’.

Et quand ‘’Ma famille’’ est finie, on s’est retrouvé tous sur le carreau ! Nous avons donc été approchés par une structure qu’on appelle «Le Studio 225 production» basée à Paris (France) sous le nom de Rox Africa dirigé par un Français et un Ivoirien. C’est là qu’ils nous ont approchés pour nous faire une proposition de contrat. Nous avons vu que c’était quand même bon à prendre, surtout que nous étions déjà sur le carreau. Il fallait prendre donc cette proposition et c’est ce qu’on a fait. Quand on l'a acceptée, la productrice de ‘’Ma famille’’ qui était arrêtée déjà, a vu mal le fait de signer ce contrat. Elle a crié au scandale pour faire croire au monde que nous l’avons abandonné au moment où elle avait besoin de nous, nous sommes partis, nous avons vu de l’argent. Ce n’est pas une fin en soi. Il n’y a pas eu de problème, c’était une incompréhension au départ mais après on s’est compris. Aujourd’hui, il n’y a pas de problème entre nous. Après notre départ, elle a fait appel à d’autres personnes pour la continuité.


Michel Gohou assène ses vérités : "on ne faisait que des répétitions à "Ma Famille"
Vous avez à votre actif 25 ans d’expérience, alors comment trouvez vous le cinéma africain ?

Le cinéma grand écran ne se produit pas beaucoup en Afrique, il n’y a que les téléfilms. En Côte d’Ivoire, les salles de ciné sont en train de fermer pour faire place aux églises. Les cinéastes ne se bousculent plus.

Il y a beaucoup de choses qui justifient la perte de vitesse du cinéma. Je peux citer d’abord l’implication de nos réalisateurs. Ce sont eux qui ont conduit le cinéma à la fermeture parce que s’ils avaient bien tenu ce flambeau, ils auraient pu le passer tranquillement à la génération suivante. Mais, le pot était cassé et brisé quand ils le remettaient aux mains des jeunes. C’est dû au fait qu’ils ne voulaient pas vraiment vieillir, ils ne voulaient pas se faire remplacer, et combattaient donc les jeunes qui montaient, qui s’essayaient à la réalisation. Et c’est cela qu’on ne comprend pas en Afrique.

Il y a le fait que le cinéma africain n’est plus financé ou alors, pour le financer, l’Occident nous impose beaucoup de conditions. Cela est dû au fait que nos premiers réalisateurs ont complètement miné le terrain, en n’utilisant comme bon leur semble les octrois et aides qu’ils ont reçus pour la réalisation de films. Par exemple, quand vous demandez une subvention de 100 millions pour la création et qu’on vous l’octroie, généralement les 75 millions sont utilisés à des fins personnelles avec l’achat de belles voitures, de beaux châteaux, alors que seuls 25 millions sont utilisés pour les objectifs de la subvention. C’est ce qui explique que les gens ont tourné le dos au cinéma africain.

Je lance un appel aux jeunes cinéastes et réalisateurs de beaucoup promouvoir les téléfilms. Si au niveau des films grand écran, il y a problème qu’on se rabatte sur les films commerciaux, là on peut se faire des sous et partir sur de nouvelles bases.


Gohou Michel décrie les ratés de cette année du point de vu organisationnel
Gohou Michel décrie les ratés de cette année du point de vu organisationnel
Beaucoup de cinéphiles dénoncent une pénurie de sujets originaux alors que les réalisateurs parlent de manque de têtes d’affiche pour justifier les difficultés du cinéma africain. Quel est votre avis ?

Non, les sujets il y en a. Il y a plein de sujets. Et les têtes d’affiche, c’est nous-mêmes qui les tuons. Si on ne fabrique pas de têtes d’affiche, il ne peut pas en avoir. J’étais en train de décrier parce que quand je suis rentré dans les locaux du FESPACO, je n’ai vu aucune tête d’affiche, aucun acteur, aucun poster d’acteurs. Il n’y avait que les réalisateurs, que des posters de réalisateurs. Alors, ce sont ces réalisateurs qui sont les têtes d’affiche ? Je ne comprends pas. On fait la fête du cinéma, ce n’est pas la fête des réalisateurs. Quand on parle de cinéma, ce sont les acteurs qu’on vient voir, pas les réalisateurs. Comment voulez-vous qu’on s’occupe des têtes d’affiches si ceux-là qui devraient fabriquer des têtes d’affiche, se fabriquent eux-mêmes ? Il faut donc essayer de mettre en exergue les acteurs. Quand on fait un film, il faut promouvoir les acteurs, afin qu’on puisse demain avoir des têtes d’affiche.

Quelle appréciation faites-vous de l’organisation de cette 40e édition du FESPACO ?

Ma vision, c’est que cette année il y a eu beaucoup de ratés. C’est vrai, c’est notre marché, notre tremplin, notre panel, notre affaire à tous parce que quand on dit cinéma, c’est nous tous, les comédiens, les techniciens, les réalisateurs, les producteurs, etc. On se doit donc de soutenir ce festival, c’est tout ce qu’on a. J’ai eu assez de remords quand j’ai vu tous ces ratés. En 40 ans de cinéma, on ne devrait plus balbutier. On ne devrait plus dire qu’il n’y a pas de moyens. Il est intolérable de voir qu’après trois jours du démarrage du FESPACO, des festivaliers n’aient toujours pas leurs badges. Moi, je n’avais pas de badge trois jours après le début du FESPACO. Quand tu vas au siège, on dit qu’il n’y a pas d’encre. Le FESPACO, manque-t-il de l’argent pour acheter de l’encre et alimenter les imprimantes ? Il faut beaucoup de têtes pensantes et de mains pour soutenir ce festival. Il y a aussi le facteur logement. A ce niveau également, il y a eu beaucoup de ratés. Pareil en ce qui concerne la programmation des films. J’ai déposé depuis décembre un téléfilm appelé «Cour commune», mais nulle part dans les programmes, il n’a été programmé ! Alors qu’on est en compétition. Quand on est monté au créneau on nous a dit qu’ «on ne voit pas vos films là». Pourtant cela a été déposé et on a même eu l’accusé de réception. Où sont passés les films ? On était obligé de faire d’autres copies et d’aller les déposer. On le fait aussi et le premier épisode des quatre déposés est introuvable. Je ne comprends pas ! Et on a vraiment bousculé pour que ce film soit programmé au moins deux fois au centre culturel français et au ciné Patte d’oie. On ne vient pas forcément pour gagner un prix. Mais l’objectif premier, c’est de participer à la fête, faire des rencontres, échanger avec des gens et, à ce niveau c’est vraiment une réussite totale.


Interview réalisée par Boureima LANKOANDE

Dimanche 15 Mars 2009 - 21:54


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1.Posté par Dosso le 17/07/2009 16:52
Mr gohou michèle me semble un géant dans le domaine de la culture africaine, vu ses idées, j'en suis certain qu'il est capable de réveiller la conscience cinématographique en côte d'ivoire, je l'admire énormement. (dosofré) Lyon 9ème.

2.Posté par abakar bouba le 23/03/2010 17:11
je suis fan de toi Mr GOHOU MICHEL si je vois votre flim de passe tout une journee a rire.vous etes le meilleurs au monde . courage

3.Posté par richard le 14/04/2010 02:08
Mr Gohou vous êtres le meilleurs vous faite même la fierté des ivoirien ici en France moi je suis un jeune sportif ivoirien tout le monde vous connais quand je vous vois je sais que vous venez de très loin du courage dans ce que vous faite j ai mémé vue votre mariage avec votre femme de galère sais ca un homme donne des conseil

4.Posté par Boris SANADINA le 23/08/2010 16:23
M.Gohou,alias Cauphy Gombo,le client de Me Bataka(rires) s'avère,on ne le dira jamais assez,l'une des figures incontournables de la cinéma africain.Dommages que les politicards africains ne financent pas la production cinématographique en Afrique pour aider celle-ci à briller autrement.Pleins succès et bon courage!
"Gaou m'a cherché,Gaou m'a trouvé.Avec Cauphy Gombo,no pitié in bizness..."

5.Posté par zaynaib le 17/02/2011 13:24
j aime bien Gohou et Romaric

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