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Premières places dans les examens au Sénégal: la longue marche des filles vers l'Excellence

​La conférence mondiale sur l’Éducation Pour Tous (EPT) réunie à Jomtien, en Thaïlande, et la 4e Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est tenue à Pékin en septembre 1995 ont été un tournant décisif dans l’inscription massive des filles à l’école avec un projet comme la Scofi et aussi l’appui de la coopération bilatérale et de certaines institutions internationales. En 30 ans, le Sénégal a enregistré des progrès importants dans la scolarisation des filles. Résultat : aujourd’hui dans tous les examens au niveau des ordres d’enseignement du primaire, du moyen et du secondaire, les filles dament le pion aux garçons de par le nombre d’inscrits et, souvent, le taux de réussites !



Au Bac et au Bfem cette année, elles ont fait jeu égal avec les garçons si elles ne les ont pas dépassés. Le Témoin revient sur trois décennies de luttes pour la scolarisation, le maintien et la réussite des filles à l’école…

Les droits des filles et des femmes sont garantis par la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement et le Programme d’Action élaboré lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui a eu lieu à Pékin en septembre 1995. Ledit programme, adopté à l’unanimité par les 189 Etats présents, définit douze domaines prioritaires d’intervention qui se déclinent en un ensemble d’objectifs stratégiques ; l’objectif 2 étant de favoriser l’égal accès à l’éducation et à la formation.
Les gouvernements y reconnaissent que « l’égalité des droits, des chances et de l’accès aux ressources, le partage égal des responsabilités familiales et un partenariat harmonieux entre les femmes et les hommes sont essentiels à leur bien-être et à celui de leurs familles ainsi qu’à l’affermissement de la démocratie ».

La Conférence de Pékin proclame que l’égalité entre les femmes et les hommes est une condition essentielle du développement durable, de la paix et de la démocratie. Douze objectifs stratégiques sont identifiés, que les Etats s’engagent à traduire dans des politiques nationales. Cinq ans avant la plateforme de Pékin, la conférence mondiale sur l’Éducation Pour Tous (EPT) s’est réunie à Jomtien, en Thaïlande. Les représentants de 155 pays et 150 organisations se sont engagés à garantir la scolarisation de base pour tous à l’orée 2000. Ainsi plusieurs institutions internationales se sont engagées à promouvoir le développement de la scolarisation des filles. Ainsi, entre 1999 et 2007, des progrès considérables ont été effectués au niveau mondial : environ 22 millions de filles de plus ont été inscrites dans les écoles primaires. De ce fait, les écarts entre les sexes au niveau des inscriptions à l’école primaire ont diminué dans beaucoup de pays.

Et vint le SCOFI !
Au niveau national, des initiatives n’ont pas manqué. C’est ainsi que le Sénégal, bien que plongé dans une crise économique sans précédent, s’est engagé à mettre en œuvre les décisions de Pékin et de Jomtien. Au niveau du ministère de l’Éducation nationale, le projet gouvernemental de scolarisation des filles appelé Scofi a été mis en place en 1994. Il a essentiellement pour vocation et mission de mener des actions de plaidoyer, d’information, de communication visant à promouvoir massivement l’inscription des filles à l’école. Dans un pays où les traditions et religions confinent la femme à un statut de soumission, où l’on pense dans certains milieux conservateurs que l’éducation d’une fille n’est pas à pousser comme le dit Nabou dans Une si longue lettre de Mariama Ba, les résistances à un tel projet n’ont pas manqué. L’objectif de la Scofi n’est pas seulement de scolariser mais aussi de pousser les filles à rester aussi longtemps à l’école que les garçons.

Depuis les années 90, on a noté une baisse des inégalités sexuées dans la population scolaire. Si les inscriptions des garçons semblent connaitre un ralenti, celles des filles se sont nettement améliorées. Mais les statistiques ont montré que les garçons sont encore plus aptes à poursuivre les longues études. En 2000, les filles représentent 48,5 % des effectifs du primaire, mais 45,3 % des effectifs de l’enseignement secondaire, et seulement 25 % des effectifs de l’université de Dakar. Cette sous-représentation aux niveaux supérieurs est liée à des motifs économiques, familiaux, personnels, scolaires, à la violence physique, psychique voire sexuelle en milieu scolaire.

En 2018, il y a eu plus de filles inscrites au CI que de garçons
234584 contre 214842. Et il faut souligner que dans toutes les régions du Sénégal excepté Kédougou, Sédhiou, Rufisque et Ziguinchor, le taux d’inscription des filles est supérieur à celui des garçons. Et Diourbel, où les résistances ont été les plus vives contre la scolarisation des filles, a été pendant cette année 2018 la région où l’on a enregistré un fort taux d’inscription des filles au CI avec 20 996 contre 16 964 garçons. Et ce même si la région n’a pas enregistré un TBA (Taux Brut d’Admission) supérieur à 100 % chez les filles. L’analyse du taux global des inscriptions au CI selon le genre montre que le TBA au CI des filles est supérieur à celui des garçons. Cette situation traduit un indice de parité en faveur des filles. En 2018, les effectifs scolarisés dans l’enseignement moyen général s’élevaient à 722 356 élèves dont 52,8 % de filles.

Au niveau des académies, il apparaît selon un rapport de l’ANSD que celles de Thiès (120 610), de Pikine-Guédiawaye (88 920) et de Dakar (67 846) ont les plus gros effectifs tandis que celles de Kédougou (8 189), de Kaffrine (13 944) et de Matam (23 337) ont les plus faibles effectifs. En 2018, l’effectif total des élèves du secondaire général était de 339 225, dont 170 418 filles, soit 50,2 %. Donc la majorité des élèves du secondaire général étaient de sexe féminin cette année-là. Une tendance qui s’est poursuivie. En effet entre 2000 et 2020, des pays de géants semblent avoir été franchis. Ainsi l’on remarqué qu’au niveau des résultats, que les filles, qui représentaient 54 % des candidats ayant subi les épreuves, ont réalisé une meilleure performance que les garçons à l’examen du Baccalauréat 2020 au Sénégal. Leur taux d’admission est de 52 %, toutes séries confondues, faisant mieux que les garçons. Pour le BFEM, l’on a enregistré 177 434 candidats dont 54 % de filles.

Les résultats détaillés ne sont pas encore disponibles mais les filles sont parties pour prendre le dessus sur les garçons. Pour le CFEE et l’entrée en 6e de cette année-ci, les filles représentent 53 % des 285 812 candidats. Là aussi, la supériorité côté résultats est plutôt féminine. Pendant ces trois décennies, c’est-à-dire depuis Jomtien, le Sénégal est parvenu est combler le gap existant entre les garçons et les filles en matière de scolarisation. Mais toutefois le décrochage ou le maintien des filles aux niveaux moyen, secondaire et supérieur demeure encore un problème. Les facteurs culturels, les pesanteurs sociales, la pauvreté, les difficultés sociales demeurent encore des goulots d’étranglement pour atteindre l’objectif de les maintenir à l’école le plus longtemps possible. 

Le Témoin


Mardi 29 Septembre 2020 - 11:10


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