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Présidentielle américaine : avec Kamala Harris, Joe Biden fait le choix de la complémentarité

En choisissant pour colistière une femme noire qui excelle dans les joutes verbales, Joe Biden, prétendant démocrate à la Maison Blanche, tente de rattraper ses propres faiblesses. Il parie aussi sur le profil modéré d'une femme qui pourrait elle-même devenir candidate à la présidentielle de 2024.



Présidentielle américaine : avec Kamala Harris, Joe Biden fait le choix de la complémentarité
Joe Biden a fait durer le suspense avant d’annoncer, mardi 11 août, que Kamala Harris serait sa colistière dans la course à la Maison Blanche. Peut-être pas parce qu’il hésitait - la sénatrice de Californie était donnée favorite depuis des mois malgré une demi-douzaine de concurrentes potentielles - mais pour susciter l’intérêt des électeurs jusqu’à la dernière minute.
 
Si elle était élue aux côtés de Joe Biden en novembre, Kamala Harris serait la première femme, mais aussi la première Noire et la première Américaine d’origine asiatique à devenir vice-présidente. Son père est en effet né en Jamaïque et sa mère en Inde.

Sa couleur de peau et son ascension rapide au sein du Parti démocrate – elle a été candidate aux récentes primaires après seulement un mandat de sénatrice – lui ont valu de nombreuses comparaisons avec Barack Obama. "Je connais la sénatrice Harris depuis longtemps", a déclaré l'ex-président américain mardi. "Elle est plus que prête pour le poste."
Sa nomination aux côtés de Joe Biden est d’ailleurs un tremplin vers le bureau Ovale : le candidat de 77 ans a déjà laissé entendre que s’il était élu, il ne se représenterait pas à un second mandat. Sa dauphine de 55 ans pourrait donc se lancer dans la campagne pour 2024, voire accéder à la Maison Blanche encore plus tôt s’il arrivait malheur au président.
 
Procureure sévère
 
D’où l’importance du choix de Joe Biden. Kamala Harris ne lui apporte pas vraiment d’avantage électoral géographique. Elle est en effet, depuis 2017, sénatrice de Californie, terre érigée en fief de la résistance à Donald Trump. Cet État devrait donc voter pour Joe Biden en novembre quoi qu’il arrive et le siège de sénateur devrait en toute logique revenir à un ou une autre démocrate. Reste que sa proximité avec la Silicon Valley pourrait permettre au duo Biden-Harris de s'assurer le soutien de généreux donateurs.
 
Mais si Kamala Harris a été choisie, c'est surtout parce qu'elle apporte une certaine complémentarité dans ce ticket démocrate. Joe Biden, un homme blanc issu du sérail, était sous pression pour choisir une femme de couleur : il a répondu à cette demande afin de motiver les troupes progressistes et encourager la communauté noire à se rendre aux urnes.
 
Mais Kamala Harris n’était pas pour autant le premier choix de la gauche du Parti démocrate, qui lui reproche son passé de procureure sévère et peu encline à poursuivre les policiers ayant tué des civils. Un thème qui devrait revenir dans la campagne, notamment à la lumière des manifestations antiracistes consécutives à la mort de l’Afro-Américain George Floyd aux mains de la police.
 
Plutôt centriste au départ, Kamala Harris a aussi été critiquée pour son ralliement jugé trop tardif à certains thèmes chers au socialiste Bernie Sanders et à la jeune garde menée par Alexandria Ocasio-Cortez, comme l’assurance santé universelle (elle a rétropédalé depuis) ou le salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Certains l’ont perçu comme de l’opportunisme en vue de sa candidature à la Maison Blanche.
Kamala Harris est en effet aussi complémentaire à Joe Biden par son caractère : alors que l'ex-vice président bégaie parfois et multiplie les gaffes, le charisme, l'opiniâtreté et le talent oratoire de sa nouvelle partenaire font mouche. L’ex-procureure s’est par exemple illustrée en 2018 en commission judiciaire du Sénat, où elle a posé des questions dures et insistantes, notamment lors de l’audition de Brett Kavanaugh. Son échange musclé avec ce juge accusé d’agression sexuelle, qui sera tout de même confirmé à la Cour suprême, est resté dans les annales.
 
Plus récemment, c’est lors des débats démocrates que son sens de la joute verbale a été remarqué. Joe Biden lui-même en a fait les frais, quand elle l’a accusé de s’être opposé à la pratique du "busing" dans les années 1970, une mesure de lutte contre la ségrégation scolaire visant à transporter en bus les enfants noirs dans les écoles publiques des quartiers blancs. "Il y avait une petite fille en Californie, qui a fait partie de la deuxième classe à être intégrée dans une école publique [hors secteur, NDLR], et elle a pris le bus tous les jours. Cette petite fille, c’était moi", a-t-elle lancé.
 
Née à Oakland, en Californie, Kamala – son prénom veut dire "fleur de lotus" – Harris est une enfant d’immigrés aisés. Son père arrive aux États-Unis pour étudier l’économie et finit par l’enseigner à l’Université de Stanford, tandis que sa mère travaille dans la recherche sur le cancer du sein. Ses parents se séparent lorsqu’elle a cinq ans.
 
Avec sa mère et sa sœur Maya, elle grandit à Berkeley, en Californie, et à Montréal, au Québec, avant de faire ses études à l’Université de Howard – la fac des élites noires américaines – à Washington. Elle retourne ensuite en Californie pour passer le barreau. Procureure de carrière, elle grimpe tous les échelons jusqu’à être élue procureure de San Francisco puis procureure générale de Californie et enfin sénatrice du même État, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.
 
Kamala Harris, qui aime cuisiner pour ses proches pendant son temps libre, a épousé en 2014 Douglas Emhoff, un avocat de Los Angeles qui avait déjà deux enfants issus d’une première union. Ce dernier, potentiel premier "vice-gentleman" des États-Unis, lui a apporté un soutien sans faille sur les routes de campagne lors des primaires. "Prêt à me mettre au travail ! Allons-y, Dr Biden !", a-t-il tweeté mardi, dans un clin d’œil à Jill Biden, possible future première dame.
 

France24

Mercredi 12 Août 2020 - 09:15


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