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Sénégal : l’équilibre de la terreur

Avez-vous vu le ministre sénégalais des Affaires étrangères rejeter les préoccupations de Paris et de Washington, quant à la candidature du président Wade, et à la violence qu’elle suscite ?



Sénégal : l’équilibre de la terreur
« Le Sénégal n’a de leçons de démocratie à recevoir de personne », s’est emporté le ministre, pour qui le Sénégal, à l’évidence, se résume à la personne du chef de l’Etat. Il va pourtant falloir, à ce Sénégal-là, s’habituer à recevoir, sinon des leçons, en tout cas de plus en plus d’appels à la raison !

Se peut-il que le président Wade dédaigne les conseils de la France de Sarkozy et de l’Amérique d’Obama, alors qu’en mai 2011, à Deauville, on l’a vu mettre tant d’insistance à obtenir que Nicolas Sarkozy présente son fils, Karim, à Barack Obama, et l’on ne sait toujours pas à quelles fins ? Ceux dont vous quémandez l’onction ont toujours une légitimité à vous notifier vos transgressions, et nous y voilà !

De Mugabe à Kadhafi, en passant par Gbagbo et tant d’autres dirigeants africains, à qui donc Abdoulaye Wade n’a-t-il pas donné des leçons de démocratie, ces douze dernières années ? A chacun son tour ! Et il est vain d’exiger que l’on ne s’immisce pas dans son tête-à-tête avec le peuple sénégalais. Comme pour faire silence sur la violence et les morts.

Justement, parce que le pire est à craindre, désormais, c’est un devoir, pour tous ceux qui en ont la possibilité, d’inonder le président Wade de conseils de sagesse démocratique ! Après tout, personne ne lui avait donné mandat pour aller, en juin 2011, apporter son soutien aux rebelles libyens, à Benghazi, d’où il a d’ailleurs demandé au colonel Kadhafi de quitter le pouvoir. Les aspirations des jeunes qui crient leur rage dans les rues de Dakar, Thiès ou Kaolack, ne sont pas moins nobles que celles des manifestants de Misrata ou de Zawiya.

Beaucoup prêtent au président Wade une propension à ne concevoir le rapport à son opposition qu’en termes d’équilibre de la terreur. Peut-être est-ce pour cela que la pratique politique, dans le Sénégal d’aujourd’hui, peine tant à être à la hauteur de ce qu’est l’histoire de la démocratie dans ce pays.

Le devoir ultime du démocrate est de savoir quitter la table, en rendant le pays dans un état « démocratique » meilleur que celui dans lequel on le lui a transmis.

S’il y a encore quelque chose à sauver, c’est là, maintenant, et de toute urgence. Car un éventuel naufrage autoriserait tout, y compris des « leçons de démocratie », données, pourquoi pas, par… Yaya Jameh !
Chronique de Jean-Baptiste Placca (RFI)


Samedi 4 Février 2012 - 12:29


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