Le 26 juillet 2025, la Place du Souvenir Africain à Dakar a accueilli une table ronde déterminante sur les réparations liées au massacre de Thiaroye en 1944. Cet événement, qui a réuni diverses organisations panafricaines, dont le Mouvement Thiaroye 44 et le Front pour le retrait des bases militaires françaises (GASSI), a une nouvelle fois attiré l'attention sur les revendications croissantes en matière de justice historique, de souveraineté et de rupture avec l'héritage colonial.
Une exigence historique en écho à l’année des réparations
Alors que l’Union africaine a désigné 2025 comme l’année des réparations, les débats ont résonné avec une intensité particulière. Pour Souleymane Diallo, figure panafricaniste bien connue au Sénégal, la question des réparations ne relève plus du symbole mais d’une exigence politique et morale urgente :« Le gouvernement du Sénégal, en synergie avec les autres gouvernements des états africains qui ont été impliqués dans l'affaire des tirailleurs, doivent effectivement revendiquer des réparations, tant sur le plan mémoriel, mais aussi sur le plan financier. Donc nous pensons que le gouvernement du Sénégal doit fondamentalement exiger à l'État français de verser des dommages et intérêts», a-t-il déclaré lors de son intervention.
Le massacre de Thiaroye, au cours duquel des dizaines de tirailleurs sénégalais furent tués par l’armée coloniale française en décembre 1944, est qualifié de crime contre l’humanité par les défenseurs de la mémoire. En 2024, les nouvelles autorités sénégalaises ont lancé des fouilles archéologiques sur le site, mais les résultats se font attendre, ce qui suscite l’impatience des militants panafricanistes.
Repenser les relations économiques avec la France
Les débats ont également insisté sur la nécessité de repenser les relations économiques et militaires avec la France. Pour les organisateurs, l’ombre de la « Françafrique » pèse toujours sur les structures économiques et institutionnelles des États ouest-africains.
« Il faut déconstruire l’influence française dans les secteurs stratégiques comme la finance, le commerce et la distribution pour permettre aux nationaux de contrôler ces domaines. Ce n’est pas parce que les troupes françaises ont quitté le Sénégal qu’il faut crier victoire », a averti Diallo.
Des propos repris par plusieurs intervenants, qui ont exigé un réexamen des contrats économiques et environnementaux entre le Sénégal et la France, notamment en ce qui concerne les industries extractives et les dégâts écologiques causés depuis l’époque coloniale.
Un appel panafricain coordonné
Babacar Dioh, représentant du Mouvement Thiaroye 44, a plaidé pour la soumission officielle d’une demande de réparations auprès des autorités françaises. Il a rappelé que son organisation travaille activement à la constitution d’un dossier juridique et historique solide en ce sens.
Cette dynamique s’inscrit dans une tendance continentale : le forum sur les réparations tenu le 19 juillet à Bamako avait déjà confirmé cette volonté partagée. Comme le relate Maliweb.net, juristes, économistes et historiens y ont affirmé que « l’heure des compensations a sonné » pour les crimes coloniaux, en posant les bases juridiques d’une feuille de route panafricaine.
Une transition de la mémoire vers l’action
La convergence entre Dakar et Bamako est symptomatique d’un tournant stratégique en Afrique de l’Ouest : les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), ainsi que leurs voisins comme le Sénégal, ne veulent plus simplement rappeler l’histoire coloniale. Ils veulent agir, exiger, obtenir réparation.
Les discussions autour de Thiaroye ne sont donc pas un simple hommage au passé. Elles incarnent une lutte politique contemporaine pour la dignité, la justice et l’autonomie. Le retrait des troupes françaises d’Afrique de l’Ouest est vu comme une étape, mais non une fin.
Comme l’a souligné Souleymane Diallo, il reste à démonter les structures d’influence postcoloniale, notamment à travers les accords militaires, les programmes éducatifs et les partenariats stratégiques.
À Dakar comme à Bamako, la voix panafricaine s’affirme, unie, exigeante. Le temps de la réparation semble avoir véritablement commencé.
Par Fatou KONE
Une exigence historique en écho à l’année des réparations
Alors que l’Union africaine a désigné 2025 comme l’année des réparations, les débats ont résonné avec une intensité particulière. Pour Souleymane Diallo, figure panafricaniste bien connue au Sénégal, la question des réparations ne relève plus du symbole mais d’une exigence politique et morale urgente :« Le gouvernement du Sénégal, en synergie avec les autres gouvernements des états africains qui ont été impliqués dans l'affaire des tirailleurs, doivent effectivement revendiquer des réparations, tant sur le plan mémoriel, mais aussi sur le plan financier. Donc nous pensons que le gouvernement du Sénégal doit fondamentalement exiger à l'État français de verser des dommages et intérêts», a-t-il déclaré lors de son intervention.
Le massacre de Thiaroye, au cours duquel des dizaines de tirailleurs sénégalais furent tués par l’armée coloniale française en décembre 1944, est qualifié de crime contre l’humanité par les défenseurs de la mémoire. En 2024, les nouvelles autorités sénégalaises ont lancé des fouilles archéologiques sur le site, mais les résultats se font attendre, ce qui suscite l’impatience des militants panafricanistes.
Repenser les relations économiques avec la France
Les débats ont également insisté sur la nécessité de repenser les relations économiques et militaires avec la France. Pour les organisateurs, l’ombre de la « Françafrique » pèse toujours sur les structures économiques et institutionnelles des États ouest-africains.
« Il faut déconstruire l’influence française dans les secteurs stratégiques comme la finance, le commerce et la distribution pour permettre aux nationaux de contrôler ces domaines. Ce n’est pas parce que les troupes françaises ont quitté le Sénégal qu’il faut crier victoire », a averti Diallo.
Des propos repris par plusieurs intervenants, qui ont exigé un réexamen des contrats économiques et environnementaux entre le Sénégal et la France, notamment en ce qui concerne les industries extractives et les dégâts écologiques causés depuis l’époque coloniale.
Un appel panafricain coordonné
Babacar Dioh, représentant du Mouvement Thiaroye 44, a plaidé pour la soumission officielle d’une demande de réparations auprès des autorités françaises. Il a rappelé que son organisation travaille activement à la constitution d’un dossier juridique et historique solide en ce sens.
Cette dynamique s’inscrit dans une tendance continentale : le forum sur les réparations tenu le 19 juillet à Bamako avait déjà confirmé cette volonté partagée. Comme le relate Maliweb.net, juristes, économistes et historiens y ont affirmé que « l’heure des compensations a sonné » pour les crimes coloniaux, en posant les bases juridiques d’une feuille de route panafricaine.
Une transition de la mémoire vers l’action
La convergence entre Dakar et Bamako est symptomatique d’un tournant stratégique en Afrique de l’Ouest : les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), ainsi que leurs voisins comme le Sénégal, ne veulent plus simplement rappeler l’histoire coloniale. Ils veulent agir, exiger, obtenir réparation.
Les discussions autour de Thiaroye ne sont donc pas un simple hommage au passé. Elles incarnent une lutte politique contemporaine pour la dignité, la justice et l’autonomie. Le retrait des troupes françaises d’Afrique de l’Ouest est vu comme une étape, mais non une fin.
Comme l’a souligné Souleymane Diallo, il reste à démonter les structures d’influence postcoloniale, notamment à travers les accords militaires, les programmes éducatifs et les partenariats stratégiques.
À Dakar comme à Bamako, la voix panafricaine s’affirme, unie, exigeante. Le temps de la réparation semble avoir véritablement commencé.
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