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Retour des FDLR au Rwanda: Kobler choque l’opposition

L'opposition politique rwandaise se dit indignée après les propos tenus sur notre antenne par le patron de la Monusco. Martin Kobler disait encourager les ex-combattants FDLR et leurs familles à rentrer au Rwanda pour y mener une vie paisible. Interrogé sur la réaction de l'ancien Premier ministre - devenu opposant - Faustin Twagiramungu, sur le fait que l'absence de respect pour les droits de l'homme et d'ouverture de l'espace politique empêchait les réfugiés de rentrer chez eux, le représentant onusien a répondu qu'il ne pouvait pas confirmer que la situation soit difficile pour ceux qui rentrent. Des mots qui ont provoqué l'ire de tous les opposants.



Le chef de la Monusco et représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, Martin Kobler (ici au Katanga en janvier 2014) a demandé aux FDLR de rentrer au Rwanda et de vivre «paisiblement».
Le chef de la Monusco et représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, Martin Kobler (ici au Katanga en janvier 2014) a demandé aux FDLR de rentrer au Rwanda et de vivre «paisiblement».

D'abord, il y a ce communiqué, rare, puisque signé par six partis d'opposition qui n'ont pas l'habitude de réagir ensemble : Le PDP, le PS Imberakuri, l'une des branches des FDU dont les présidents sont ou ont été emprisonnés au Rwanda, le RNC dont l'un des fondateurs a été assassiné en Afrique du Sud récemment, le PDR et le parti Amahoro People's Congress. Ces six partis s'étonnent de déclarations qui « laissent à penser, expliquent-ils, que les réfugiés restent en exil de leur plein gré ».

Et de rappeler à Martin Kobler que les réfugiés rwandais au Congo sont également des « rescapés » de massacres en 1996 et 1997, massacres documentés par le rapport Mapping de l'ONU. Ils font également la liste des rapports et communiqués des Nations unies, des Etats-unis et d'organisations de défense des droits de l'homme qui ont épinglé le Rwanda ces six derniers mois. « Les services de monsieur Kobler ont sûrement eu accès à tous ces rapports », ironisent ces partis qui appellent le responsable onusien à arrêter « la politique de l'autruche » et à promouvoir un dialogue inter-rwandais plutôt que des opérations militaires.

« Préoccupations communes »

Pour les FDU présents à l'intérieur du pays, « les conditions ne sont pas réunies » pour permettre le retour des réfugiés. « L'espace politique est fermé et les droits de l'homme ne sont pas respectés au Rwanda », explique ainsi leur représentant Boniface Twagirimana. Le Parti vert démocratique se prononce lui en faveur du retour des FDLR, mais, précise son président Frank Habineza depuis Kigali, « nous partageons des préoccupations communes en termes de respect des droits de l'homme et d'une plus large ouverture de l'espace politique. »

Quant à Faustin Twagiramungu, il ne cache pas sa colère. « Les réfugiés rwandais ne rentreront pas inconditionnellement pour faire plaisir à messieurs Kagame et Kobler », a déclaré l'ancien Premier ministre rwandais. Autre réaction, celle du général Habyarimana du CDR : pour ce dernier, les Nations unies devraient avant tout « encourager le gouvernement rwandais à respecter l'Etat de droit avant de s'adresser aux réfugiés. »

 ► A (RE)ECOUTER : Martin Kobler aux FDLR: «Rentrez au Rwanda vivre paisiblement»

Première en RDC

Pour la première fois, les réfugiés rwandais ont été identifiés et enregistrés. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés estimait jusqu'à présent que le nombre de réfugiés rwandais dans le monde était de 100 000 personnes. Mais ils sont déjà presque 245 000, rien qu'au Congo à s'être présentés pour se faire enregistrer. C'est le chiffre auquel est parvenu la Commission nationale congolaise des réfugiés qui avec le soutien du HCR à réaliser ce recensement.

Sans surprise, c'est dans le Nord-Kivu que se trouve la plupart de ces réfugiés. Ils sont environ 199 000 dans cette province, et 42 000 au Sud-Kivu. Mais on en retrouve aussi dans le Katanga, au Kasai oriental, dans le Maniema, en Equateur et encore dans une moindre mesure à Kinshasa. Héritage de l'histoire puisque c'est en plein génocide de 1994 que ces populations ont traversé la frontière devant l'avancée des troupes du FPR aujourd'hui au pouvoir au Rwanda. Puis après l'incursion de l'armée rwandaise au Congo, elles ont fui vers l'intérieur du pays.

Beaucoup de réfugiés n'ont jamais connu le Rwanda

Pour avoir plus de détails sur cette étude et notamment la répartition par sexe, âge, il faudra encore attendre la fin de la compilation des résultats, explique la Commission nationale congolaise des réfugiés. Pour l'instant, une certitude, beaucoup, parmi ces populations, sont des jeunes qui n'ont jamais connu le Rwanda. Un sentiment demeure au sein de cette communauté : les deux tiers de ces 245 000 personnes disent ne pas souhaiter retourner dans leur pays. Une proportion qui pourrait évoluer - explique la commission nationale des réfugiés - à l'issue d'une campagne de sensibilisation au retour dans lequel sera impliqué le gouvernement rwandais. Kigali ayant demandé depuis longtemps la clause de cessation du statut de réfugiés pour tous les Rwandais vivant à l'extérieur du pays. Depuis 2001, le HCR dit pour sa part avoir rapatrié environ 135 000 Rwandais vivant au Congo.

Ce recensement intervient alors que la pression internationale augmente pour obtenir le désarmement des FDLR, les rebelles hutus rwandais, dont certains leaders sont accusés par Kigali d'avoir participé au génocide de 1994. Les FDLR se présentent comme les protecteurs de ces populations rwandaises réfugiées et estiment que sans ouverture de l'espace politique au Rwanda, elles ne pourront pas rentrer dans de bonnes conditions.

Source : Rfi.fr
 



Mercredi 20 Août 2014 - 13:52


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