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Goodluck Jonathan sur RFI: «Pour renforcer le développement, les pays doivent vivre en paix»

Le président nigérian, Goodluck Jonathan, applaudit la perspective de voir l'Afrique se doter d'une Force de réaction rapide pour gérer ses crises. Une force qu'il verrait bien, le cas échéant, lui apporter de l'aide dans sa lutte contre Boko Haram.



Le président Goodluck Jonathan salue son homologue français lors du sommet de l'Elysée. REUTERS/Benoit Tessier
Le président Goodluck Jonathan salue son homologue français lors du sommet de l'Elysée. REUTERS/Benoit Tessier

 Le sommet de l'Elysée a insisté sur la nécessité de doter très vite l'Afrique d'une force de réaction rapide. Quel rôle le Nigeria peut-il jouer dans cette perspective ?
 

Goodluck Jonathan : Le Nigeria est depuis longtemps un pays très engagé dans le maintien de la paix. Si l'on devait dresser un palmarès des pays les plus engagés, le Nigeria, je pense, occuperait la première place ! Nous soutenons totalement cette future Force de réaction rapide. Nous pensons en outre que le fait d'avoir une force en attente solide serait bien plus efficace que d'apporter, ici et là, des contribution ad Hoc, pays par pays. Une telle force pourrait être mobilisée très rapidement, quel que soit le défi à relever. Donc oui, nous soutenons cette force et nous soutenons aussi la France, le gouvernement français et au delà, le peuple français, pour l'aide qu'ils apportent à l'Afrique.
 

J'ajouterai que l'Afrique est un partenaire commercial majeur pour la France et l'Europe. Et l'on ne peut pas commercer s'il y a des crises. Bien sûr, on peut toujours vendre des armes, mais ce n'est qu'un secteur limité. Pour renforcer le commerce et le développement, les pays doivent vivre en paix. Je dis souvent que l'Europe doit s'inquiéter des conflits africains, si elle ne veut pas être obligée d'investir dans le règlement de crise plutôt que dans le développement économique.
 

Donc le Nigéria sera partie prenant à cette future force ?
 

Bien évidemment nous y participerons.


 

Quelle doit être la dimension de cette force ?
 

Elle doit être à géométrie variable. On ne peut pas se contenter de dire qu'elle aura par exemple 2000 hommes. Tout dépendra des défis à relever, des moyens dont nous disposerons. Les moyens permettront d'accroître la puissance de feu. Il ne s'agit pas seulement de se contenter d'avoir des hommes et des femmes portant l'uniforme. Cette force doit être équipée, en termes de casernes, de combattants et d'armes.
 

Selon vous, ce doit être une force de la CEDEAO ou de l'Union africaine ?
 

Je pense qu'elle doit être au niveau de l'Union africaine, pas seulement la CEDEAO.
 

Quel doit être le rôle de la France et de l'Union européenne ? Former les hommes ? Fournir les équipements ?
 

D'abord le renforcement des capacités... Nous attendons que l'Union européenne joue un rôle majeur dans la formation, puis dans la fourniture d'équipements. Les armées modernes nécessitent des équipements de pointe. Bien davantage que pour les armées traditionnelles.
 

Pensez-vous que si cette force voit le jour, elle pourrait vous aider à combattre Boko Haram dans le nord du Nigeria ?
 

Elle aidera le Nigeria ainsi qu'un grand nombre de nos pays. Si cette force voit le jour, elle pourrait fort bien aller dans le Nord du Nigeria. Le Nord et pourquoi pas aussi certaines zones du Sud !
 

Mais le plus important c'est cela : lorsque vous formez vos soldats, vous faites aussi en sorte que durant leurs opérations, ils veillent au respect des droits de l'Homme. Dès l'instant où vous avez des forces armées très bien formées, capables de répondre aux défis sécuritaires et qui, dans le même temps, remplissent leur mission en respectant les standards internationaux, alors le problème du respect des droits de l'Homme ne se posera plus.
 

Puisque nous parlons de la situation au nord du Nigeria, depuis que l'état d'urgence y a été décrété en mai dernier, quel bilan faites-vous des opérations contre Boko Haram ?
 

L'état d'urgence a été d'une grande utilité. Avant l'état d'urgence, Boko Haram menaçait pratiquement tout le nord du pays. Même la capitale, Abuja, qui est au centre du pays, n'était pas sécurisée. Vous vous souvenez de l'effet produit dans le monde lorsqu'une bombe a explosé dans le bâtiment des Nations unies à Abuja !
 

Mais avec l'état d'urgence nous avons pu atteindre le point où seuls les Etats de Borno et de Yobé représentent encore un défi. Même l'Etat d'Adamawa qui est le plus important de tous ceux couvert par l'état d'urgence, vit aujourd'hui dans une relative tranquilité. Avant cela, il y avait là bas d'innombrables attentats et tueries. Aujourd'hui nous avons pu y mettre fin. L'état d'urgence nous a considérablement aidé. Sinon nous ne l'aurions pas prolongé de six mois.
 

Il y a toujours des problèmes, comme le week-end dernier, à Maiduguri. Boko Haram semble être très active ?
 

Oui, ce que nous avons connu à Maiduguri est déplorable. Cela nous amène à penser que Boko Haram ne doit pas être sous-estimé. Nous pensons d'ailleurs que Boko Haram bénéficie de soutiens extérieurs. Parmi les personnes que nous avons arrêtées, il y a beaucoup d'étrangers. Nous pensons qu'il y a à la fois des fonds et de l'influence extérieurs qui aident Boko Haram.
 

 

Dans ces trois Etats du Nord, il n'y a ni journalistes, ni ONG et baucoup d'accusations d'abus commis par votre armée. Quel est la situation ?
 

Cette question des violations des droits de l'Homme est exagérée. Ce genre de situation n'est pas facile à gérer. Boko Haram détruit et tue de façon indiscriminée. Les terroristes n'épargnent personne. Certaines de ces destruction nous sont attribuées alors que c'est la faute de Boko Haram. La Cour pénale internationale (CPI) a accusé Boko Haram de commettre des crimes contre l'humanité  ! Elle n'a pas accusé les soldats nigérians. La CPI nous a parlé des conditions de détention dans nos prisons. J'ai décidé alors de débloquer un milliard de naïras, soit environ 6 millions et demi de dollars, pour améliorer les conditions de détention. Les militants de Boko Haram que nous arrêtons sont détenus dans des conditions satisfaisantes.
 

Il y a quelques mois, vous avez proposé un dialogue à Boko Haram.
 

J'ai proposé ce dialogue car beaucoup de gens pensaient que Boko Haram était prête à discuter. Ma première réaction était de considérer que Boko Haram n'est qu'un groupe terroriste qui opère masqué. Mais puisque mon entourage pensait qu'il fallait engager les discussions, alors nous avons créé un comité et à travers ce comité, nous pouvons interagir avec Boko Haram. Nous n'avons pas eu le succès escompté. Cependant, j'ai dit à mes conseillers qu'il fallait continuer. Car rien ne vaut la paix, et nous sommes toujours ouverts à toute forme de discussion.

Source : Rfi.fr
 


Dépêche

Lundi 9 Décembre 2013 - 08:54


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