​Procès de Karim : le « show » continue

Wade-fils parle de « scénario  », le président Henry Grégoire Diop emploie « cinéma » ou « théâtre ». Mais pour ce partisan de Karim, il « s’agit bien d’un « show » qui dit-il, n’est pas à l’avantage du fils du président sortant Wade. Des témoins bien particuliers, il y en a aussi au procès du siècle.  Madeleine Sarr, un témoin bien atypique. Elle-même le dit : «Je ne sais rien». Gérante de la société Harstand, elle ne sait pas la vocation de sa société, les moult questions du Substitut du procureur spécial récolteront la même réponse : « Je ne sais pas ». Elle répète qu’on lui a présenté un document qu’elle a signé, point final.


La partie civile par la voix du bâtonnier, Félix Sow, de lui demander si elle avait les yeux fermés lors de la signature du document. Même pas, répond Madeleine Sarr, secrétaire au service de la famille Bourgi notamment dans la gestion immobilière. « On m’a présenté, je l’ai signé. C’est tout », sert celle qui dit être allé jusqu’en première dans son cursus scolaire avant de subir une formation en dactylographie.

 
Le parquet spécial de se demander si le témoin n’a pas été « travaillé ». La défense par l’intermédiaire respectivement de Me Adama Sall et Me Ciré Clédor LY, de donner de la voix en invitant l’adversaire à les respecter. « C’est inélégant entre professionnels du droit», marquera le second nommé. Ce, d’autant plus, insiste Me Ciré Clédor LY que la question aurait pu recevoir un « oui » pour réponse. Et là, la Cour en aurait tiré toutes les conséquences à savoir la subordination de témoin. La secrétaire remerciée, le notaire Pape Sambaré Diop s’installe. Un témoin plus loquace que la dernière, qui indique avoir travaillé dans la constitution de Harstand avec Bibo Bourgi.


«On a parlé de l’acquisition d’un terrain qui est sur la Corniche. C’est le capital qui a servi à acquérir le terrain, quand ils l’ont eu, ils ont décidé de faire une augmentation du capital, a peu près 400 à 450 millions de F CFA qu’ils ont payés à Abdou Mody Ndiaye », sert ce dernier qui indique que c’est par la suite que «Karim Abdou Khalil est devenu actionnaire ».  Mais il n’a jamais vu Karim Wade. Mieux, c’est la première fois, lors de son audition d’hier que voit Wade-fils « est aussi proche de (lui) ». « Je ne lui ai jamais serré la main », martèle Me Pape Sambaré Ndiaye qui jure que « Bibo Bourgi ne lui a jamais parlé de Karim Meïssa Wade en tant que potentiel bénéficiaire économique de sa société».

 
L'audition alors terminée, «nous allons vous donner l’occasion de serrer la main à M. Karim Meïssa Wade », ironise le président Henry Grégoire Diop. Prompt à se lever, Karim sera toutefois freiné dans son élan par les avocats de la partie civile qui veulent des précisions. A savoir, « est-il possible qu’un client vienne vous voir pour vous dire qu’il ne veut pas apparaître dans le cadre de la constitution d’une société ». « Quand on ne veut pas apparaître, vous ne le dites pas, vous n’apparaissez tout simplement », soutient le témoin qui ne manque pas de développer la méthode du « portage ». Autrement dit « Je porte pour le compte de X tant d’actions, acte que peut exhiber partout », souligne le témoin. « Sauf si on veut se cacher », lance la partie civile.
 
 
Revenant à la charge, le Substitut du Procureur spécial s’intéresse aux actes notariés. « A et B sont titulaires d’actions mais eux-mêmes disent, nous ne sommes pas les véritables propriétaires. Que pensez-vous d’une telle façon de faire ? », pose Antoine Félix Diome qui précisant sa demande parle de « jouer avec les règles juridiques qui confèrent un caractère authentique à l’acte alors que ce n’est pas dans la réalité». Jetant des coups d’œil à Karim Wade, le témoin de dire qu’ «on n’y peut rien, l’acte authentique garantit les droits… ». « Il faut l’attaquer au fonds », préconise Me Pape Sambaré Diop. Comme s’il n’attendait que cette réponse, le parquet spécial relance avec de «possibles poursuites contre un notaire ». Ceci, « en dehors de l’inscription de faux ».