De telles scènes de violences laissent les populations traumatisées et déboussolées. « On a appelé l'Onuci, la force Licorne et les FRCI. Personne n'a répondu à notre appel » raconte une habitante de Cocody qui signale qu'au bout de plusieurs heures d'attente et d'insistance, des hommes en armes sont venus enfin patrouiller. « C'était les mêmes que ceux qui pillaient », ajoute-t-elle.
Le président Ouattara a promis de s'occuper sérieusement de ces questions d'insécurité. Selon l'Onuci, des équipes mixtes Onuci, françaises et ivoiriennes patrouillent dans les quartiers d'Abidjan. « Pas suffisant ! », pour ces habitants qui, en attendant les forces de l'ordre, s'organisent et se regroupent entre voisins pour avoir moins peur.
En revanche, d'après des témoignages concordants, des éléments des FRCI, les Forces républicaines de Ouattara se livrent aussi à de violentes représailles contre les partisans du président déchu à Abidjan, dans l'ouest et dans la région de San Pedro.
Les quelques personnes qui sortent dans les rues d’Abidjan semblent discrètes. On ne s’interpelle pas à distance comme d’habitude. Bref, les Abidjanais observent, mais parfois, les langues se délient.
Après la bataille d’Abidjan, l’heure est à la sécurisation de la capitale économique. Les Forces républicaines pro-Ouattara organisent des patrouilles pour lutter contre le pillage des maisons et tenter de collecter les armes dispersées dans la ville. L’un de nos envoyés spéciaux à Abidjan, a suivi l’une d’elles. Il a pu constater un début de retour à la vie normale dans le quartier de la Riviera.
Cependant, la situation à Abidjan reste encore marquée par la quasi-absence d’activités, quatre jours après l’arrestation de Laurent Gbagbo. Le couvre-feu décrété par le président Ouattara depuis la semaine dernière prend fin ce 14 avril. Hier encore, les quelques magasins ouverts ont fermé en début d’après-midi.