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À Marioupol, voyage dans les sous-sols et tunnels du complexe d'Azovstal

Kiev a annoncé il y a cinq jours un nouvel échange de corps de soldats russes et ukrainiens, parmi lesquels ceux de certains défenseurs de l'aciérie Azovstal à Marioupol, tandis que des corps restitués à l'Ukraine lors du précédent échange étaient arrivés à Kiev. À Azovstal, l'armée russe a pour la première fois, ce lundi 13 juin, emmené un groupe de journalistes, dont notre correspondante à Moscou.



La première image, c'est celle d'un calendrier, abandonné sur une étagère de fortune, au-dessus d'une tasse, où un sachet de thé traîne encore dans un fonds d'eau noire.
 
La dernière feuille, arrachée, marque le 14 mai. Trois jours plus tard, les premiers combattants commençaient à se rendre. C'était ici, le premier sous-sol d'Azovstal.
 
L'usine compterait sept sous-sols. C'est le tout premier accessible, sécurité oblige. Tout n’a pas encore été déminé, et des enquêteurs cherchent encore des corps.
 
Ce sous-sol n'est pas celui des civils, pas celui non plus de l'infanterie de marine ou d'autres unités de l'armée ukrainienne ; ici, explique l'armée russe, se trouvaient les quartiers du bataillon Azov.
 
Symboles, affiches et slogans nazis
Dans ces quelques pièces sombres qu'on rejoint par un escalier raide, des cafards dérangés par la lumière des visiteurs courent sur les murs. Ils naviguent entre les lits superposés d'un dortoir, où on s'entassait sous un plafond bas.
 
Un quotidien qui transpire encore l'humidité et le moisi. Éclats de verre en guise de miroir, corde pour suspendre des cintres... quelques serviettes abandonnées à côté des cartouches de masque à gaz, croix rouge de l'infirmerie sur des flacons, étalés sur des matelas…
 
Puis, à côté des couvertures éparpillées, des drapeaux jaunes et bleus de l'Ukraine. Les t-shirts du bataillon Azov, aussi, très visibles. Ostensibles : des symboles, des affiches et des slogans nazis sur des vêtements et les murs. Tête de loup et signe SS, comme le 14/88.
 
Le bataillon Azov est un élément important, dans la communication russe. L'un des objectifs affichés de l'opération spéciale, comme dit le Kremlin, c'est de « dénazifier » l'Ukraine.
 
Kiev demande des armes. Certaines ont été livrées à Marioupol, à Azovstal. Du moins sur le sol voit-on des munitions éparpillées, des manuels d'instruction militaire, mais aussi, à côté des lits, quelques armes antichars occidentales. Il y avait ici aussi des francophones, dit l'armée russe.
 
À chaque coin ou presque, dans les sous-sols comme dans les tunnels sombres reliés entre eux : des pièges, y compris sur les portes. Explication d'un officier :
 
Voilà comment ça marchait : ouverture de la porte, fil de contact qui se déchire, explosion de la mine. L'une que vous voyez ici, une bombe directionnelle, et la seconde en sauvegarde sur le mur. Donc, en réalité, dès que la porte s'ouvre, ce sont deux munitions qui explosent. Pour eux, ils avaient fait des panneaux pour que ceux qui se déplacent le long de la galerie n'ouvrent pas la porte.
 
 
 
« Je me réjouis d'avoir détruit Azovstal »
Bâtiment glacial où le danger était à chaque recoin, et positions de snipers partout. À l'extérieur, dans les ruines, sous la chaleur étouffante, les cratères de bombes, les camions et voitures brûlées, et les carcasses de poutre de métal déjà rouillées.
 
La lettre Z sur ce camion de l'armée russe, à Azovstal.
La lettre Z sur ce camion de l'armée russe, à Azovstal. © RFI / Anissa El Jabri
Flotte encore l'odeur de la mort. Entre un casque abandonné au sol : des cartouches de masque à gaz et des mines signalées, mais pas encore explosées. Ces quelques mots écrits à la peinture sur un pan de mur : « Je me réjouis d'avoir détruit Azovstal ».
 
Dans les quartiers qui jouxtent l'usine, c'est la désolation. Des maisons, ne restent à peine parfois que des pans de murs. Aucune zone dans Marioupol n'est à ce point marquée par la violence des combats.


RFI

Mardi 14 Juin 2022 - 16:00


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