La venue des trois chefs d’Etat a été préparée par d’intenses tractations menées par les émissaires de la troïka Union africaine, Nations unies et Cédéao. Des observateurs proches du dossier burkinabè estiment que ces personnalités de haut niveau ont joué un rôle essentiel.
Les émissaires de la troïka ont en effet répété à l’unisson un message clair et sans ambiguité à l’adresse du lieutenant-colonel Isaac Zida, le patron de la transition : l’Union africaine a prévu de sanctionner le Burkina Faso si la transition n’est pas assumée par une personnalité civile, passé un délai de quinze jours. Une menace prise très au sérieux à Ouagadougou.
Le Burkina Faso, pays enclavé de 16 millions d’habitants, figure parmi les nations les moins bien classées dans l’indice de développement humain (IDH). Or, lorsque l’UA suspend un membre de ses instances, on observe souvent presque mécaniquement, une restriction, voire une interruption des aides apportées par les bailleurs de fonds européens et américains. Exemple à Madagascar, en Egypte ou en Guinée Bissau.
Zida déterminé à rendre le pouvoir
Le lieutenant-colonel Zida, qui a poursuivi toute la journée de mardi ses consultations, a répété à plusieurs reprises qu'il était prêt à remettre le pouvoir aux civils. Il a aussi reçu une délégation de l'ancienne majorité présidentielle qui a exprimé ses craintes quant à sa sécurité.
Ainsi, le fait que les émissaires de la troïka, plutôt que de mener des visites éclair, aient opté pour une présence prolongée à Ouagadougou, a peut-être dissuadé des initiatives qui menacent la sortie de crise. Les militaires se sentent sous surveillance, mais l’opposition et la société civile aussi. Elles sont vivement encouragées à mettre de côté leurs divergences pour que les militaires transmettent le flambeau de la transition à une personnalité civile de leur choix.
Préoccupations
Malgré les déclarations de bonnes intentions du lieutenant-colonel Zida, un certain nombre de voix se sont élevées ces derniers jours pour s'interroger sur la sincérité des militaires. Questionnement partagé par Michel Camdessus, ex-directeur général du FMI, membre de l'Africa Progress Panel, une fondation basée à Genève et présidée par Kofi Annan.
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