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Comores: retour au calme à la médina de Mutsamudu

La crise à Anjouan semble se dénouer avec le retour du gouverneur de l’île dorénavant surveillé chez lui par l’armée. Les quelques perquisitions effectuées cet après-midi dans la médina de Mutsamudu ont d’ailleurs conduit à l’arrestation de son conseiller spécial, le numéro trois du gouvernorat.



Une médina apaisée s'est réveillée dimanche matin, loin des bruits de balles et du blocus qu'elle avait connu cette semaine. Les habitants ont profité de cette possibilité de pouvoir déambuler dans leur quartier, même si, en ce dimanche, quasiment aucune boutique n'était ouverte.
 
Il est vrai cependant que l'activité économique a redémarré avec la réouverture du port de Mutsamudu. Jusqu'alors préoccupée par la sécurité des biens et des personnes, la direction avait préféré fermer le port, tout proche de deux entrées de la médina, depuis lundi après-midi. Aucune mesure de sécurité supplémentaire n'a été prise.
 
La fin des affrontements est actée. Pourtant, les rebelles armés n'ont pas été appréhendés. On ne sait réellement que très peu de choses sur eux, mais toutes les personnes interrogées s'accordent à dire qu'ils seraient partis dans la nuit de mercredi à jeudi.
 
Invisible depuis le début des affrontements lundi dernier, le docteur Salami Abdou, gouverneur d’Anjouan, est désormais sous bonne garde à son domicile avec les forces de l’ordre. Il ne s’exprimait jusque-là que par publication de communiqués.
Vivement attaqué par le gouvernement toute la semaine et accusé d’être le commanditaire de cette rébellion armée, le gouverneur a contacté lui-même les autorités cet après-midi pour leur dire dans quel quartier de Mutsamudu elles pourraient le trouver, indiquant n’avoir rien à cacher.
 
« Il n’a pas été arrêté au sens légal du terme ni placé en résidence surveillée. Simplement comme il avait faussé compagnie à ses gardes du corps depuis lundi, premier jour des affrontements, le docteur Salami est dorénavant surveillé chez lui et devra être entendu par la justice » précise le ministre de l’Intérieur. Il est soupçonné d’avoir été avec les insurgés durant le siège. D’autre part, les perquisitions effectuées cet après-midi dans la médina ont conduit à l’arrestation de son conseiller spécial, le numéro trois du gouvernorat d’Anjouan, selon le ministre de la Défense.
 
Le gouverneur a publié dimanche sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle il jure ne pas avoir été présent dans la médina ni même à Mutsamudu durant les affrontements de cette semaine. Il avait admis dans un communiqué avoir organisé une journée île morte qui se voulait pacifique mais ne savait rien des armes qui circulaient parmi les contestataires qu’il appelait à capituler.
 
Dépêché sur place pour essayer de négocier cette reddition, Mahamoud Hafi, le ministre de l’Education, a accusé le gouverneur d’avoir encouragé la jeunesse à prendre les armes et a fait montre de détermination dans les négociations pour éviter que l’assaut ne soit donné. Mahamoud Hafi a été envoyé avec le ministre de la Défense pour gérer la crise car il est originaire de Mutsamudu : une logique clanique, de la part du chef de l’Etat, qui a visiblement porté ses fruits.
 
Qui sont les belligérants ?
 
Les militaires n’ont pour l’instant trouvé aucun rebelle armé, mais les perquisitions se poursuivront lundi. Les autorités évoquent une trentaine d’hommes armés quand du côté des témoins, on en a vu le double. Visage masqué par des foulards ou des cagoules, ils déambulaient dans les rues et affrontaient les forces de l’ordre avant d’aller se retrancher dans la médina de Mutsamudu. Les cagoules, un accessoire vestimentaire non vendu ici, qui fait craindre que ce ne soit pas des Comoriens.
 
Ils viendraient de Mayotte ou du continent. Ils seraient arrivés en pirogues, avec les armes. Calfeutrés dans la médina, ils sont reconnus par les uns et les autres. Mais c’est l’omerta, personne ne dira rien.
 
Pourtant, loin du micro, on confie les avoir reconnus : ce sont des jeunes d’Anjouan, de Mutsamudu et ses environs. Les autorités aussi reconnaissent finalement avoir la liste des noms de ceux qu’elles ont appelés des terroristes avant de leur promettre l’impunité s’ils rendaient les armes. Les témoins confirment qu’après 24h d’échanges de tirs nourris avec l’armée, les insurgés ont quitté la médina jeudi au petit matin.

Rfi.fr

Lundi 22 Octobre 2018 - 11:10


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