Mais si le patron des Forces nouvelles se dit prêt à la confrontation militaire, il se garde de bien de mettre ses troupes en première ligne. Pour lui, c’est à la communauté internationale et en premier lieu à la Cédéao ou à l’Union africaine d’envoyer des soldats pour matérialiser dans les faits la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle.
En fait, en Côte d’Ivoire, aucun des deux camps ne semble aujourd’hui prêt à se lancer tête baissée dans une offensive militaire incertaine. « Les deux parties savent que c’est un fusil à un coup et qu’il vaut mieux ne pas rater la cible au risque de tout perdre », explique une bonne source. Dans ces conditions, Laurent Gbagbo mise sur un retour progressif à la normalité et sur d’éventuelles divisions au sein de la communauté africaine qui bloqueront l’envoi d’une force.
Alassane Ouattara, lui, espère que les chefs d’Etat de la région ne l’abandonneront pas si près du but. Si tel était le cas, restera alors l’option très incertaine de l’étranglement économique de son rival et ennemi.
Les sanctions internationales visent Laurent Gbagbo
Ce mercredi, sont entrées en vigueur les sanctions européennes, des interdictions de visas pour Laurent Gbagbo et 18 de ses proches. Sont concernés notamment, son épouse Simone Gbagbo, ainsi que des membres du premier cercle, comme Désiré Tagro et le patron de la RTI, le chef de la Garde Républicaine, ou celui des unités spéciales.
La Banque mondiale a, d’ores et déjà, gelé tous ces financements à la Côte d’Ivoire et a confirmé avoir fermé son bureau dans le pays. La Banque mondiale qui est suivie par les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), qui ont décidé, eux aussi, de geler tous les crédits octroyés à Abidjan.
Et pendant ce temps, le Conseil de sécurité de l'ONU a officiellement reconnu comme représentant de la Côte d'Ivoire, l'ambassadeur désigné par Alassane Ouatarra, Youssouf Bamba.
Vendredi 24 décembre, les membres de la Cédéao se doivent se réunir à Abuja au Nigeria pour parler de la crise ivoirienne. Le Nigeria, pour sa part, appelle Laurent Gbagbo à remettre le pouvoir à Alassane Ouattara. Abuja a annoncé l'évacuation du personnel de son ambassade à Abidjan. Un obus a été découvert dans le bâtiment.
L'Angola prône une politique de non ingérence vis-à-vis de la Côte d’Ivoire
C'est au cours d'une visite à Bissau en Guinée que le ministre angolais des Affaires étrangères a déclaré à l'AFP que son pays prônait une politique de « non ingérence de la communauté internationale dans les divergences électorales en Côte d'Ivoire ».
« Il faut tenir compte du fait qu'il y a une communauté (ivoirienne, ndlr) divisée sur les résultats des élections. La communauté internationale doit tenir compte de cela pour permettre qu'il y ait une ambiance de paix et non maintenir une posture radicale, a estimé Jorge Chicote ce mercredi 22 décembre 2010. Avant d'ajouter, prendre des positions extrêmes peut rendre plus difficiles les possibilités de paix dans ce pays ».