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Ibrahima Séne du PIT : « Le quotidien de 2014 risque de rattraper très tôt Macky Sall »




L’allié dans le cadre de la mouvance présidentielle Benno Bokk Yaakaar (BBY) sans complaisance envers Macky Sall. Dans une interview du journal « l’enquête », Ibrahima Séne du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) qui réagit par rapport au discours de fin d’année, ne manque pas de lui préciser que « le quotidien de 2014 risque de le rattraper très tôt». L’interview.
Un discours de fin d’année devrait être avant tout, un bilan officiel  sur  l’état de la  Nation, décliné au plan économique, social, culture, et au plan de sa sécurité intérieure et extérieure, afin  de mettre l’accent sur les principaux défis  auxquels le pays aurait à faire face durant l’année nouvelle qui pointe à l’horizon,  et les voies et moyens  qu’il faudrait mettre en œuvre pour les relever.


De ce point de vue,  le Chef de l’Etat s’est  d’emblée placé sur ce qu’il voudrait faire,  pas  seulement sur l’année qui va venir, mais surtout, sur tout ce qui reste de son mandat, et même, hors de son mandat, avec son programme « Sénégal Emergent »  (PSE)  qui a pour horizon 2023, alors que son mandat termine en 2017 selon les engagements qu’il a pris devant la Nation. 
L’on a eu l’impression d’un « discours programme  nouveau »,  différent, sur bien des points,  de la Déclaration de Politique Générale que Madame le Premier Ministre venait de décliner,  deux  mois avant, à l’Assemblée nationale.


En Effet, Madame le Premier Ministre  déclarait que son « Programme s’inscrit dans le « Yonnu  Yokute »,  alors que le Chef de l’Etat nous dit que son Programme c’est le PSE qui intègre le celui de « Yonnu Yokute »  et celui de la « Stratégie Nationale de Développement Economique et Social »  (SNDES),  qui est la nouvelle version du « Programme  National de Développement Economique et Social » (PNDES),  que Wade et les  partenaires Techniques et Financiers (PTF) avaient concocté en 2011.
Ainsi, par rapport  à la Déclaration de Politique Générale de l’ancien Premier Ministre Abdoul  Mbaye, il n’y a que les « conclusions des Assises nationales » qui ont manqué !


En fait, ces « Conclusions » ne sont plus dans le Programme de réforme du Président  Macky Sall, ni pour 2014, ni pour son Programme de long terme.  A cet effet, rien n’est prévu dans le budget de 2014, encore moins dans sons discours  de nouvel  an,  pour tenir  un référendum sur les Institutions,   qui est la réforme phare des Assises nationales. La seule réforme dont il a fait référence, c’est  celle de l’Acte III de la Décentralisation, qui n’a été ni objet d’un large consensus,  ni conforme aux « Conclusions des Assises nationales ».


Il va  ainsi   faire  la prouesse de braquer le peuple des Assises  nationales contre lui. C’est surtout,  dans le contenu concret de son discours programme,   que l’on peut que l’on peut tenter d’apprécier si  celui –ci  a répondu à l’attente des Sénégalais. C’est ainsi que, sur la sécurité intérieure,  le Président de la République a évoqué  les négociations encours pour la paix  en Casamance, tout en précisant les positions de l’Etat  qui n’ont jamais fait avancer  ce dossier, à savoir : «  insertion de ceux qui veulent se désarmer » et «  programme de reconstruction de la Casamance » ! 


La question de savoir que faire avec ceux qui ne veulent pas  désarmer et  avec ceux qui se sentent exclus de l’élaboration  des programmes de reconstruction  de la Casamance et de leur mise en œuvre pour faute d’une approche inclusive, reste encore sans réponse, faisant que l’optimisme du Chef de l’Etat sur l’imminence de la paix,  laisse perplexe, et pose plus  de questions qu’il n’en résout.


Pour la sous région et la région Afrique,  l’accentuation de l’alignement  du Chef de l’Etat sur  les stratégies  géopolitiques de la France et des USA, ( transfert  de la  Direction du service anti terroriste de la France au Sénégal,  Installation à Dakar  de l’Etat major de l’armée Française   de lutte anti terroriste au Sahel , et  l’accréditation d’un  Représentant du Gouvernement américain  pour la Casamance)  replace notre pays  dans la situation peu enviable de « parias des Autorités   de la CEDEAO et de l’UA », comme l’illustre  la dépêche d’AFRICA 24    en ces termes :


« Une réunion d’urgence des chefs d’Etat africains consacrée à la situation en République centrafricaine et au Soudan du Sud, deux pays où les combats ont fait rage au cours des dernières semaines,  a eu lieu  hier lundi 29 décembre 2013 à Banjul (Gambie). Cette réunion de l’Union Africaine va mettre l’accent sur la nécessité d’une réaction urgente de l’UA,  afin de mettre un terme à la violence inter communautaire en RCA, où des milliers de personnes ont été tuées depuis le début de la crise au mois d’août». Le Président  Macky Sall  est dans la voie d’être perçu en Afrique comme son prédécesseur  honni. Tout cela risque de nous éloigner d’une paix imminente en Casamance, tout en transformant notre pays en cible du terrorisme islamiste dans notre sous région.


Ensuite le Président de la République a parlé  des 150 milliards de « ressources souveraines » obtenues, et des «  100 milliards   attendus », sans nous dire  qu’il s’agit d’un crédit de la Banque Atlantique installée à Dakar et dans quelles  conditions  ce crédit est octroyé au Fonsis ,  qui  n’a été doté que de 3 milliards dans le budget  2014 ! Quand au PSE qu’il  a immédiatement évoqué après, ses ambitions de croissance durable  du PIB de 7% , et du revenu par habitant   entre 2014 et 2023 de 4 à 5 % ,  soit un niveau inférieur à celui du Ghana qui , entre  2005 et 2011,  a atteint 5,4% sans pour autant  être considéré « pays émergent » !


Le «  Sénégal  Emergent »  ne sera donc pas émergent en 2023, malgré  les 2,5 milliards payés à cet effet !
 Ensuite,  le Chef de l’Etat nous a parlé des  38 milliards d’économie  pour 2014 suite à sa gestion  « sobre, rationnelle et transparente » du budget, mais  il a omis de dire que 20 milliards de cette économie résulte  de la diminution de la subvention SENELEC, avec toutes ses conséquences sur les tarifs, dont l’augmentation est rejetée par les  Sénégalais qui sont, sur cette question,  en ordre de bataille.


Les couches populaires et les travailleurs risquent de se braquer contre toute hausse des tarifs de l’électricité, contre la quelle ils se sont toujours battus sous Wade. C’est aussi une baisse  des loyers pour logements conventionnés pour 11 milliards, sans préciser que,  pour la location de bâtiments administratifs et logements  à l’étranger  (Diplomates et Consuls), il a prévu des dépenses de 19,5 milliards ! Il a déshabillé Paul pour habiller Jean. 


De même, ce que l’Audit du fichier de la Fonction publique a montré comme des irrégularités se chiffrant à 48 milliards, lui aura permis de  pouvoir recruter dans son Cabinet,  13 nouveaux Conseillers  spéciaux  et 10  Chargés de mission, et au Secrétariat  Général de la Présidence, 9 nouveaux Conseillers Techniques et 13 Chargés de mission, qui ne sont rien d’autres que  du personnel politique,  qui lui est nécessaire  dans une année électorale comme 2014, où se tiennent les élections locales !
Cela a plus que doublé les Dépenses de personnel  au Cabinet de la Présidence de la République,  qui sont passées de 556.541.820 FRS à 1.308.294.280 FRS  CFA ! Ainsi,  le Chef de l’Etat semble revenir sur sa gestion vertueuse !


Cependant,  c’est quand le Chef de l’Etat a  parlé de la campagne agricole de 2012/2013, en occultant qu’elle sera pire,  sur tous les plans que l’année dernière, et que  la disette frappe déjà dans plusieurs localités,  qu’il est devenu clair  que son objectif,  dans son discours,  n’est pas de faire prendre conscience aux  Sénégalais des problèmes aux quels le monde rural est confronté à l’issu de cette campagne, mais , juste,  pour annoncer une politique agricole  de continuation de celle héritée de Wade, que ce dernier   avait du mal à matérialiser  face à la mobilisation des organisations de défense des intérêts de l’exploitation agricole familiale.


Le Chef de l’Etat, dans son discours, a  fait abstraction de cette résistance,  pour énoncer  la continuation du Projet  de Développement  Intégré Durable de  l’Agrobusiness au Sénégal  ( PDIDAS) initié par Wade et  la Banque mondiale,   pour aménager  des terres  dans le bassin du Fleuve Sénégal, dont 60% seront attribuées à l’Agrobusiness.   Ce projet d’un montant de 42 milliards de Frs Cfa, que le Chef de l’Etat a évoqué,  est un emprunt  de l’Etat du Sénégal pour développer l’Agrobusiness au détriment  de l’exploitation  agricole familiale dans les zones concernées.   Notre pays s’endette ainsi  pour se  « faire beau » aux yeux de l’Agrobusiness ! 


C’est aussi,  avec les 30. 000 hectares des « Domaines  Agricoles Communautaires » (DAC)  la continuation, sous un vocable nouveau, du Plan REVA de Wade, basé sur la spoliation des terres du Domaine national. Ce mimétisme a atteint son comble avec  le nouveau «  Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise » (PRACAS),  d’un montant de 581 milliards, qui est l’équivalent   de la GOANA  de Wade, qui a englouti près de 600 milliards  pour enrichir sa clientèle  politique qui servir de base sociale à son régime !


Ce qui est surtout  à garder en repaire,  c’est le Décret qu’il a pris pour mettre en application la Loi no 2011-07 du 30 mars 2011,  que Wade n’avait pas osé prendre après avoir fait adopter par sa majorité mécanique à l’Assemblée nationale,  dans un contexte pré électorale chargé,  pour permettre au Chef de l’Etat d’immatriculer directement des terres du Domaine National,  sans l’Avis ces Conseils ruraux,  devenus des Conseils municipaux, pour les attribuer à des privés sous forme de propriété privée. 


C’est cette Loi qui lui a permis de se passer des travaux de la « Commission de Réforme foncière » qu’il avait instituée, pour prendre des dispositions lui permettant de mettre en œuvre le PPIDAS,  les DAC, et surtout le volet foncier du PSE qui nécessite 100. 00 hectares.  Pour renforcer son dispositif d’accaparement des terres du Domaine National, l’Acte III de la Décentralisation a reconduit l’approbation préalable du Préfet  à toute  délibération du Conseil municipal sur les questions foncières avant exécution ;  ce qui remet en cause  l’effectivité formelle  de leur compétence d’attribution  et de retrait  de ces terres.


Ainsi, le discours du Chef de l’Etat n’a pas répondu aux attentes des organisations du monde rural, ni à celles des élus locaux ruraux en la matière. Il en est de même  dans le domaine de la Santé et de l’Education. En effet, les organisations syndicales de la Santé s’attendaient à des mesures pour résoudre la crise financière des hôpitaux, consécutive au Plan SESAME, et se trouvent en face de la généralisation de cette crise financière au niveau de tous les autres ordres du système de santé,  avec  la gratuité des Césariennes, et la prise en charge gratuite des enfants de  0 à 5 ans, sans décliner les modalités de leur financement !


Pour le système de l’Education nationale, confronté à la détérioration de la qualité des Enseignants (9% des enseignants maîtrisent le Français ; 39% sont aptes à enseigner le Français ; 29% sont incapables de résoudre des problèmes de mathématiques parfois du niveau du CMI) ,   avec de mauvaises performances des élèves (  81% de taux d’échec en test national en lecture, calcul, culture générale), et à la crise dans l’Enseignement supérieur, suite aux recommandations de hausse des inscriptions de la « Concertation Nationale sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur «  (CNEAS),  le  Chef de l’Etat  a décliné sa décision ferme d’appliquer ces recommandations,  au risque  de détériorer d’avantage  le climat social  en milieu universitaire, au lieu de profiter de son projet   « d’Assises nationales sur l’Education »,   pour les suspendre, afin de donner plus de chance à une réforme globale,  concertée et consensuelle du système de l’Education nationale.


Une telle attitude serait  conforme  avec son PSE, qui veut  «  aligner l’ Enseignement Supérieur avec les besoins de l’ économie » , mais  elle serait  aussi en porte à faux  avec  son ambition de  réserver l’enseignement supérieur à la progéniture des fortunés en faisant de   « Dakar,  un Campus Régional de Référence » ( bac +5, voire 32/3vpour le tourisme et les mines),  à travers la mise en place de partenariats avec de grandes universités internationales.


Enfin, c’est le projet de tenir une « Conférence sociale pour un pacte de stabilité et d’émergence »  qui dessine clairement  la volonté du Chef de l’Etat , comme il l’a fait avec l’Acte III de la Décentralisation,  et  avec la CNAES, d’imposer une précarisation accrue du travail à travers  la réforme  du Décret  70-180 organisant le travail journalier, celle du contrat à durée déterminée, et les  dispositions qui régissent  le recours aux « heures supplémentaires ». Ainsi, avec le discours du Chef de l’Etat, l’on ne peut que constater  que  le Sénégal  a raté  les réformes majeures attendues en 2013, dont  celle des Institutions, du Foncier, de la Décentralisation,    de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur.


L’on a aussi pu constater  qu’il  n’  a eu aucune rupture dans la politique agricole,  dans la politique sociale, même s’il a pris la décision de faire baisser les loyers qui concernent principalement  la ville de Dakar, où 51,2%, là où  des ménages sont des locataires. La manière dont le Chef de l’Etat y a pris,  risque d’entraîner des troubles sociaux, puisque les spéculateurs immobiliers ne se trouvent   principalement que dans  le grand standing »  et ne supportent  qu’une baisse de 4% de leur loyer, tandis que les propriétaires,  à Dakar,  qui louent entre 30.00 et 1OO.OOO, et  qui sont en grande majorité des retraités qui arrondissent  ainsi leur fin de mois, sont confrontés à une baisse de 29% de leur loyer !  


Ainsi, il  n‘ y a pas de mesures  d’incitation à produire des logements sociaux par les sociétés immobilières.   Au contraire, ce sont les petits propriétaires qui sont incités à sortir du marché immobilier pour vendre aux plus gros leurs logements ; ce qui, dans l’ensemble,  diminue l’offre privé en logements sociaux. Cette approche de la baisse des loyers par les prix dans le marché de l’immobilier au Sénégal,   risque d’être moins efficace, que lorsque sous Abdou Diouf et Dansokho  à l’Urbanisme,  les loyers  de la SICAP et de l’OHLM  furent baissés  de 40%, obligeant les promoteurs privés à  ajuster à la baisse ,  leur loyer,  sans  qu’il y ait recours  à  des  menaces pécuniaires ou pénales.


Cette mesure était accompagnée du recentrage de ces sociétés immobilières  à leur mission traditionnelles d’offre de logements  sociaux et moyens standing, et de la Banque e l’habitat,  au financement des coopératives d’habitat et de l’auto construction,  particulièrement appuyé  par un prêt de la Direction de la Monnaie et du Crédit (DMC) pour les Fonctionnaires.
L’année 2014 est donc une véritable année de défis  que le Chef de l’Etat a voulue,  dans son discours, occulter,  pour porter notre attention sur le PSE  dont l’opérationnalisation  va au-delà de son mandat en court.


Samedi 4 Janvier 2014 - 12:07


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