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Le président du Niger renversé par un coup d'Etat militaire

"On pensait pourtant avoir tourné la page des coups d'Etat au Niger." Président d'un collectif d'organisations non gouvernementales, Moustapha Kadi exprime son dépit. Pour la cinquième fois depuis l'indépendance de ce pays sahélien en 1960, l'armée vient de prendre le pouvoir.



Mamadou Tandja a dissous le Parlement et fait adopter en août 2009 une réforme constitutionnelle lui permettant de se maintenir au pouvoir au-delà de deux mandats.
Mamadou Tandja a dissous le Parlement et fait adopter en août 2009 une réforme constitutionnelle lui permettant de se maintenir au pouvoir au-delà de deux mandats.
Jeudi 18 février, en début d'après-midi, le président du Niger, Mamadou Tandja, au pouvoir depuis 1999, a été renversé par des militaires réunis au sein du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), alors que le pays traversait une grave crise politique depuis plusieurs mois.

"Le CSRD, dont je suis le porte-parole, a décidé de suspendre la Constitution de la VIe République et de dissoudre toutes les institutions qui en sont issues", a annoncé, dans la nuit, sur les ondes de la Voix du Sahel, le colonel Goukoye Abdoulkarim, chef du renseignement militaire. Ce Conseil est présidé par le chef d'escadron Salou Djibo, commandant de la compagnie d'appui de Niamey.

La déclaration du CSDR mettait fin à plusieurs heures de confusion. "Jeudi, aux environs de 13 heures, nous avons entendu des tirs nourris d'armes lourdes et légères. Un nuage de fumée noire s'élevait de la présidence, raconte l'opposant Abdoul Aziz Ladan, joint au téléphone. "Les rues se sont soudainement vidées, les marchés se sont fermés, alors que des hélicoptères survolaient la ville", ajoute-t-il.

Selon des témoins, des militaires ont fait irruption à la présidence où se tenait un conseil des ministres extraordinaire. "Ils [les militaires] ont emmené le président", a indiqué, à l'AFP, un membre du gouvernement, sous couvert d'anonymat.

Le président Tandja, 71 ans, et son aide de camp "seraient retenus" dans la garnison de Tondibia, à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Aucun bilan officiel n'était disponible vendredi matin, mais des témoignages faisaient état de la mort d'au moins trois militaires et de plusieurs blessés.

MALAISE

L'armée a donc choisi la voix des armes pour déposer un président – lui-même ancien militaire – qui s'accrochait au pouvoir, plongeant le pays dans une grave crise politique.

Mamadou Tandja avait dissous le Parlement et la Cour constitutionnelle avant de faire adopter, le 4 août 2009, une réforme de la Constitution lui permettant de se maintenir au pouvoir trois ans supplémentaires, au-delà du terme de son mandat, en décembre.

Ce passage en force – dénoncé comme un "coup d'Etat" par l'opposition – avait valu au Niger d'être soumis à des sanctions internationales alors que piétinait le dialogue entre le pouvoir et l'opposition, placé sous l'égide d'un médiateur ouest-africain, l'ex-président du Nigeria Abdul Salami Aboubakar.

"Il n'y avait aucune avancée significative laissant présager une sortie de crise, mais nous ne nous attendions pas à un coup de force de l'armée", reconnaît Abdoul Aziz Ladan, président du Mouvement national pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Mosadem) et délégué de l'opposition pour les négociations avec le pouvoir.

Fin 2009, des tracts exprimant un malaise dans l'armée avaient circulé dans les casernes. Le général Moumouni Boureïma, proche du président Tandja, avait alors "mis en garde" les soldats contre toute "tentative de remise en cause des institutions de la République". Peine perdue.

Vendredi matin, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a "condamné la prise du pouvoir par la force au Niger" et demandé un "retour rapide à l'ordre constitutionnel". Il a rappelé que les textes de l'UA "condamnent systématiquement tout changement anticonstitutionnel ".

Le Monde

Vendredi 19 Février 2010 - 10:37


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