Litige électoral à Mbane: la Cour suprême rétablit Bennoo et désamorce la tension

La Coalition Bennoo Siggil Senegaal récupère Mbane. Après l’avoir perdu quelques temps après les résultats des élections locales à la faveur d’un arrêt de la Cour d’appel, le maire Aliou Diack et son équipe reviennent aux commandes. C’est grâce à la décision de la Cour suprême qui est sortie ce mardi 11 août.

Cet arrêt de la plus haute juridiction de notre pays va ainsi calmer les ardeurs de ces populations et opposants qui se disaient prêts à une révolte pour faire respecter le verdict des urnes du 22 mars. Les cadres et responsables politiques de la communauté rurale de Mbane avaient organisé une conférence de presse le 28 juillet dernier pour tirer la sonnette d’alarme. «Aujourd’hui tous les ingrédients constitutifs de motifs de soulèvement des populations, de désobéissance et de guerre civile sont réunis à Mbane. Il n’est pas question qu’une nouvelle équipe vienne prendre les rênes de leur communauté rurale. Elles ne veulent ni d’une équipe Sopi, ni d’une délégation spéciale qui ne serait rien d’autre qu’un bras armé de Sopi et des prédateurs de la République», avait averti Madické Mbodj, expert comptable et responsable politique de cette communauté rurale située à 100 km de Saint louis (410km au nord).

Les populations de Mbane se sont appuyées sur les consignations des procès verbaux des bureaux de vote ciblés parafés par tous les mandateurs et délégués mais aussi sur les résultats de l’arbitrage du ministère de l’Intérieur.

Les arguments de la Cour suprême

La Cour d’appel avait, selon l’avocat de la coalition Bennoo Siggil Senegaal, basé son arrêt sur «l’état d’insécurité invoqué par le requérant et qui a empêché le vote de 2025 électeurs.

Madické Mbodj a rétorqué que «ce chiffre 2025 électeurs correspond exactement au nombre d’électeurs inscrits à Ndombo et à Diamaguéne (les deux plus grands centres de Mbane)». Pour lui, «cela veut dire que dans ces cinq bureaux de vote, l’insécurité est telle qu’aucun électeur n’a voté. En réalité, sur les 2025 inscrits, 1411 électeurs ont voté, soit un taux de participation de plus de 70%». L’expert comptable et homme politique de cette contrée de préciser : «la Cour d’appel va plus loin en soutenant que les résultats des cinq bureaux de vote de Ndombo et de Diamaguène ont été annulés sans dire qui les a annulés et quand ils ont été annulés».

Un autre fait qui a certainement influencé la Cour suprême dans son arrêt a été la lettre réponse du ministre de l’Intérieur à la requête de la Coalition Sopi. Les services de Cheikh Tidiane Sy ont, en effet, rejeté la demande de Mamadou Ciré Diallo l’ancien maire qui juste après la décision de la Cour d’appel a été installé au poste de président de communauté rurale.

Le coordonnateur du collectif des avocats de la Coalition de Bennoo Siggil Senegaal dans cette affaire, Me Moustapha Mbaye a indiqué qu’il n’est pas surpris par cette décision. «La Cour suprême a repris les arguments qu’ils ont développés dans leur requête. Les dysfonctionnements relatifs à la violence, la confusion de bulletins et autres évoqués par la Coalition Sopi n’étaient pas prouvés et seraient même insuffisants pour infirmer la décision de la commission de recensement des votes».