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Nigeria: les combats font rage à deux semaines de la présidentielle

Des attentats ont secoué dimanche les villes nigérianes de Gombe et Potiskum dans le nord-est du pays, alors même que les combats continuaient entre le groupe islamiste Boko Haram et les armées tchadienne et nigériane à Gamboru et Maiduguri, plus à l'est. Attaque à Maidugiri, attaque à Gamboru, Boko Haram est sur tous les fronts, à deux semaines de la présidentielle.



au moins sept personnes ont été tuées dimanche par un attentat-suicide visant une réunion au domicile d'un homme politique à Potiskum, le 1er février 2015. AFP PHOTO / AMINU ABUBAKAR
au moins sept personnes ont été tuées dimanche par un attentat-suicide visant une réunion au domicile d'un homme politique à Potiskum, le 1er février 2015. AFP PHOTO / AMINU ABUBAKAR

Boko Haram a lancé une offensive contre son ancien bastion de Maiduguri, une ville qui a vu sa population doubler avec l'arrivée massive d'habitants fuyant les tueries des derniers mois. Les témoignages confirment que les jihadistes sont extrêmement nombreux au nord de Maiduguri, ce qui rend plus complexe la tâche des armées engagées sur les fronts. Des hélicoptères tchadiens ont bombardé dimanche des positions de Boko Haram dans la ville de Gamboru. Ce même jour, les villes de Potiskum et de Gombe ont été secouées par des attentats. 

Attentats-suicides à Potiskum et Gombe

Au moins sept personnes ont été tuées et sept autres blessées par un attentat-suicide à Potiskum, dans l'Etat de Yobé. Selon des témoins, le kamikaze est arrivé en bus et a déclenché sa charge devant la maison de Sabo Garbu, membre de la majorité présidentielle et candidat aux législatives du 14 février.

Le politicien tenait une réunion à son domicile dans la perspective du scrutin, mais aucun des participants n'a été blessé. Le climat est lourd dans la ville avec les attaques régulières des islamistes de Boko Haram. Dans un témoignage à RFI, une policière de la ville de Potiskum décrit la difficulté d'exercer son métier dans une telle ambiance : 

« On vit dans une situation délétère. On doit relever beaucoup de défis, mais on est impuissants. Les armes de Boko Haram sont plus puissantes et plus sophistiquées. Je ne sais pas ce que fait le gouvernement. Il devrait mieux nous équiper, nous donner les moyens de faire face à une telle puissance de feu. Mais on a rien. En quelques mois, j'ai perdu une quinzaine de collègues dans des attentats. Certains ont même été tués tout près du commissariat. C'est dur de travailler dans ces conditions. On doit faire notre devoir, au péril de notre vie, ça fait partie du métier, mais vraiment ces attentats c'est trop, c'est trop, c'est trop. Je n'ai pas les mots pour exprimer à quel point c'est dur. On est dépassés. Mais je n'ai pas peur de la mort. Je peux mourir à tout moment, ça fait partie de mon travail. Les attentats ne m'empêcheront pas d'exercer mon métier ».

Deux explosions ont également secoué ce dimanche la ville de Gombe, capitale de l'Etat du même nom, située au nord-est du Nigeria, tuant cinq personnes.

Une nouvelle offensive contre Maiduguri

A un peu moins de 300 kilomètres au nord-est de Gombe, Boko Haram a lancé aussi ce dimanche 1er février une nouvelle offensive contre Maiduguri.  Ils ont tenté d'entrer à Maiduguri par le sud, lourdement armés. Mais les jihadistes se sont heurtés à un important dispositif militaire. l'armée, épaulée par les milices de défense civile ont repoussé les assaillants. Un deuxième assaut s'est produit depuis la route de l'est, mais là encore l'armée a repoussé l'attaque. « Ils n'ont pas atteint les habitations, ils se sont contentés de tirer depuis la route de Dikwa, précise le correspondant à Maiduguri de la rédaction Haoussa de RFI. Ils se sont heurtés à l'armée et aux forces civiles de défense. »

Maiduguri est une place forte, c'est la deuxième fois en huit jours que Boko Haram tente en vain d'y pénétrer. A moins de deux semaines de l'élection présidentielle, le régime ne peut se permettre de perdre cette ville d'un million et demi d'habitants.

« La capitale est bien sécurisée, on est plus en paix à l'intérieur de Maidiguri qu'à l'extérieur », explique le professeur Dikwa, de Maidiguri.

Dans l'Etat de Borno, l'armée se concentre désormais sur quelques villes stratégiques devenues des forteresses imprenables. Les jihadistes contrôlent eux de vastes territoires allant du lac Tchad à la frontière camerounaise. 

L'armée tchadienne bombarde Gamboru, l'une des places fortes de Boko Haram

A la frontière camerounaise, à Gamboru, l'armée tchadienne a elle aussi expérimenté la supériorité numérique de Boko Haram. Après avoir tenté de pénétrer dans Gamboru, l'armée tchadienne y a envoyé son aviation. Les bombardements ont duré tout le week-end.

Pour la deuxième journée consécutive, l'armée tchadienne a bombardé à deux reprises ce dimanche la ville de Gamboru, l'une des places fortes de Boko Haram. Les soldats de Ndjamena, qui avaient tenté samedi d'entrer dans cette ville depuis le Cameroun, ont découvert une réalité : les jihadistes ont pour eux le nombre. Le chiffre de 15 à 20 000 miliciens au total circule dans les états-majors africains.

Une supériorité numérique démontrée dans leur attaque contre Maiduguri où, là encore, les miliciens ont tenté en grand nombre de prendre la capitale de l'Etat de Borno. Les assaillants venaient du sud, probablement de la forêt de Sambissa. Si l'on se souvient que Boko Haram contrôle aussi les bases de Baga et Monguno à plus de cent kilomètres au nord de Maiduguri, on comprend que les jihadistes disposent probablement de milliers de combattants.

Mais les évènements de Gamboru et de Maiduguri démontrent aussi que face à des armées décidées et équipées, les jihadistes sont mis en échec. Maiduguri est sanctuarisé par l'armée nigériane. Et à Gamboru la puissance de feu tchadienne empêche Boko Haram de progresser. Depuis des mois, l'armée camerounaise repousse systématiquement les assauts venus de sa frontière ouest. Dernier exemple frappant, le 9 janvier à Damaturu, Boko Haram a échoué face à l'armée nigériane.

Objectif Baga

Les soldats tchadiens sont désormais déployées le long de la rivière el-Beïd, avec du matériel lourd comme des chars et ou encore des auto-mitrailleuses. 2 500 militaires tchadiens seraient en ce moment au Cameroun, selon une source militaire.

Avec pour but affiché de reprendre Baga, base militaire prise par Boko Haram début janvier. La stratégie serait une prise en tenaille avec une pression sur Gambaru, une autre au nord sur Malam Fatori, bombardé également depuis plusieurs jours. Baga se situant pile entre les deux. La tâche s'annonce cependant ardue.

Selon une bonne source, l'ordre de leur laisser franchir la frontière pour traquer Boko Haram sur les terres nigérianes serait imminent.


Rfi.fr

Lundi 2 Février 2015 - 09:29


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