Bien nombreux sont celles et ceux qui disent des Sénégalais qu’ils ont tourné le dos au confort moral et intellectuel, privilégiant le confort matériel au détriment de l’avenir de leurs propres enfants. Mais bien nombreux aussi sont celles et ceux qui, pour avoir pensé le contraire, se sont toujours gardés de critiquer leurs concitoyens de la sorte. Ceux-là ont souvent fait le lien entre les solidarités traditionnelles, qui ont maintenu le pays en vie en dépit des difficultés quotidiennes, et le pari inversible de tout un peuple sur la démocratie et la République. Un pari sur la civilisation opposée à la barbarie. Plus qu’un pari, les Sénégalais ont notifié au président Abdoulaye Wade en campagne, au nom d’une prétendue tournée économique, leur refus du fait accompli. Personne, disent les Sénégalais, ne succédera à son père à la tête d’un Etat dont les élites politiques, économiques, sociales et culturelles – aidées par les masses laborieuses des villes et des campagnes - ont contribué à jeter les bases.
Au soir du scrutin du 22 mars 2009, les grands bastions tombés dans l’escarcelle de la coalition Benno Siggil Senegaal – Dakar (la capitale), Kaolack, Saint-Louis du Sénégal, Podor et bien d’autres encore – confortent le postulat d’une démocratie sénégalaise capable de consacrer à la fois une majorité confortable et une opposition forte de tout le respect qu’on lui doit. Les Sénégalais n’octroient pas le pouvoir ; ils le délèguent à durée déterminée à celles et à ceux qui savent sans servir pour rendre à la ville et à la campagne les services que les citoyens attendent d’un élu. Abdoulaye Wade voulait son deuxième référendum post-alternance après celui du 7 janvier 2001 qui lui avait pourtant donné les pleins pouvoirs pour faire des choses plutôt que pour dire des choses. Ce référendum-là, il l’a eu. Les Sénégalais ont voté majoritairement NON à la succession arrangée sur fond de corruption à grande échelle. Le président doit en tirer toutes les leçons sous peine d’aggraver son cas. La première des sagesses consiste à ne jamais rien faire pour empêcher les nouveaux élus locaux – quelle que soit leur coloration politique – à mettre en œuvre les programmes pour lesquels ils sont élus en s’appuyant sur l’esprit et la lettre de la loi sur la décentralisation. La seconde des sagesses consistent à rechercher avec l’opposition significative, maintenant de retour, les compromis nécessaires sur le processus électoral (toujours perfectible), la transparence dans la gestion des affaires publiques, l’équité dans le traitement des citoyens et le développement économique. De ces deux sagesses jailliront toutes les autres. Les Sénégalais sont toujours là. En embuscade pour ne jamais rater leur cible le moment venu.
Abdoul Aziz DIOP
Politologue
Auteur de Une succession en démocratie : les Sénégalais face à l’inattendu (L’harmattan, mars 2009)
Au soir du scrutin du 22 mars 2009, les grands bastions tombés dans l’escarcelle de la coalition Benno Siggil Senegaal – Dakar (la capitale), Kaolack, Saint-Louis du Sénégal, Podor et bien d’autres encore – confortent le postulat d’une démocratie sénégalaise capable de consacrer à la fois une majorité confortable et une opposition forte de tout le respect qu’on lui doit. Les Sénégalais n’octroient pas le pouvoir ; ils le délèguent à durée déterminée à celles et à ceux qui savent sans servir pour rendre à la ville et à la campagne les services que les citoyens attendent d’un élu. Abdoulaye Wade voulait son deuxième référendum post-alternance après celui du 7 janvier 2001 qui lui avait pourtant donné les pleins pouvoirs pour faire des choses plutôt que pour dire des choses. Ce référendum-là, il l’a eu. Les Sénégalais ont voté majoritairement NON à la succession arrangée sur fond de corruption à grande échelle. Le président doit en tirer toutes les leçons sous peine d’aggraver son cas. La première des sagesses consiste à ne jamais rien faire pour empêcher les nouveaux élus locaux – quelle que soit leur coloration politique – à mettre en œuvre les programmes pour lesquels ils sont élus en s’appuyant sur l’esprit et la lettre de la loi sur la décentralisation. La seconde des sagesses consistent à rechercher avec l’opposition significative, maintenant de retour, les compromis nécessaires sur le processus électoral (toujours perfectible), la transparence dans la gestion des affaires publiques, l’équité dans le traitement des citoyens et le développement économique. De ces deux sagesses jailliront toutes les autres. Les Sénégalais sont toujours là. En embuscade pour ne jamais rater leur cible le moment venu.
Abdoul Aziz DIOP
Politologue
Auteur de Une succession en démocratie : les Sénégalais face à l’inattendu (L’harmattan, mars 2009)
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