Sénégal – violences électorales : le règne de la terreur prend forme

Particulièrement remontés contre cette attaque soudaine, les libéraux et leurs alliés n’ont pas essayé de chercher loin leurs « agresseurs ». Pour cause, ils ont pointé ipso facto du doigt leurs adversaires de la coalition Benno Siggil Senegaal. Ces derniers ont pour leur part dégagé en touche et récusé toute responsabilité, de quelque niveau qu’elle soit, dans cet événement. L’attaque subie par le cortège de la Coalition Sopi de Linguère n’est cependant pas un acte isolé dans la violence pernicieuse, tant redoutée par les analystes politiques, qui gagne à petit pas la campagne pour les élections locales du 22 mars prochain. Lundi déjà, alors qu’il présidait un meeting organisé par la mairesse sortante, Aminata Sokhna Thiam, à la commune d’arrondissement de Mermoz, le président du Sénat Pape Diop a essuyé des jets de pierres. En effet, au moment où le maire sortant de Dakar, par ailleurs président du Sénat, faisait son discours, des jeunes non identifiés ont balancé des pierres en direction de la foule venue assister au meeting. Il s’ensuivit un moment de panique générale. Les personnes qui se trouvaient sur la tribune se sont alors levées pour chercher à savoir ce qui se passait alors que les gardes du corps de Pape Diop se rapprochaient de l’édile pour le protéger contre tout débordement. Bon an mal an, le président du Sénat a tout de même poursuivi son discours. Peu de temps après l’incident, les préposés à la sécurité amenaient, aux abords de la tribune, un jeune garçon ensanglanté qui avait reçu une pierre sur la tête. Attiré par la scène, le président du Sénat avait recadré aussitôt son discours. «Nous sommes contre la violence. Nous n’avons pas une culture de la violence chez nous», a déclaré alors Pape Diop.

Ces débordements préjudiciables à l’éthique de la démocratie n’ont guère épargné le tonitruant Farba Senghor, en lice pour un mandat à Dakar-Plateau. L’ancien ministre des transports aériens a essuyé hier des huées dans sa circonscription électorale. Déclenché par les marchands ambulants qui brandissaient des cartons rouges contre l’ex-ministre des Transports aériens, un grand chahut a indisposé Farba Senghor, tout de bleue vêtu, qui avait débarqué à l’improviste sur les lieux, en compagnie de ses ouailles. Pis, Farba Senghor qui voulait serrer des mains s’est vu refuser un niet catégorique de la part des marchands ambulants.

Les hôtes de Farba Senghor commencèrent alors à scander : «Farba franc-maçon, domou franc-maçon franc maçon-la (le fils d’un franc maçon l’est aussi)». Sachant que les carottes étaient cuites, le chargé de la propagande du Pds a longé l’Avenue Blaise Diagne où il n’a pas été plus heureux. «Hou wa, Farba agresseur», criaient à tue-tête les badauds. Désorientée, la tête de liste de la Coalition Sopi 2009 à Dakar-Plateau a fait alors demi-tour en direction de la mairie du centre-ville. Mais, sur l’Avenue Faidherbe, surprise ! Une fois aux abords de la société Saprolait, Farba Senghor récoltait à nouveau des hués monstres à cent mètres de la mairie.