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Sonko condamné, Sonko gouverne : le paradoxe sénégalais (Par Cheikh Seck)



Sonko condamné, Sonko gouverne : le paradoxe sénégalais (Par Cheikh Seck)
Le 1er juillet 2025, la Cour suprême du Sénégal a confirmé la condamnation d’Ousmane
Sonko pour diffamation : six mois avec sursis, 200 millions de francs CFA d’amende.
Cette décision clôt un feuilleton judiciaire entamé sous l’ancien régime. Mais elle ne clôt
pas le débat politique. Au contraire, elle le relance — car entre-temps, Sonko est devenu Premier ministre, fort d’une majorité parlementaire et d’un soutien populaire massif.

Ce paradoxe n’est pas anodin. Il révèle une tension entre la continuité d’un appareil
judiciaire hérité d’un passé conflictuel, et la volonté de rupture exprimée par les urnes.
Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, un chef de gouvernement exerce ses
fonctions sous le poids d’une condamnation confirmée, tout en incarnant la principale
espérance démocratique d’un peuple.

La décision de la Cour suprême est juridiquement fondée. Mais politiquement, elle
illustre les séquelles d’un système où la justice a longtemps été perçue comme un outil de régulation politique. Le maintien de cette condamnation, même symbolique, interroge : la justice sénégalaise a-t-elle tiré toutes les leçons des dérives du passé ? Ou continue-t-elle, par inertie, à faire peser des verdicts devenus anachroniques face à la nouvelle réalité démocratique ?

Dans les faits, cette condamnation n’entrave ni la fonction ni la légitimité du Premier
ministre. Elle n’a pas empêché son retour sur les listes électorales, ni la victoire de Pastef, ni la mise en place d’un plan de réformes ambitieux. Mais elle pèse. Elle reste une faille narrative dans un projet politique qui se veut exemplaire et éthique.
C’est là que se joue l’essentiel : la capacité du nouveau pouvoir à transformer cette
contradiction en moteur de cohérence. En restaurant la confiance dans les institutions.

En engageant une réforme profonde de la justice. Et surtout, en montrant que l’exemplarité ne se proclame pas — elle se démontre.

Le cas Sonko n’est pas un accident institutionnel : c’est un test de maturité démocratique.

Le Sénégal entre dans une nouvelle ère, mais les piliers de la République doivent aussi
évoluer. La justice ne peut rester figée dans un passé révolu. Elle doit accompagner le
changement sans être instrumentalisée, ni par l’ancien ordre, ni par le nouveau.
La condamnation est maintenue. Mais l’histoire, elle, avance. Et ce peuple, qui a
réhabilité Sonko dans les urnes, attend désormais que la République, dans toutes ses
dimensions, se mette au diapason de son choix souverain.

Cheikh Seck
Conseiller en Stratégies – Montréal
cheikhseck313@gmail.com

Aminata Diouf

Mercredi 2 Juillet 2025 - 12:47


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