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Un rapport accablant d'Amnesty International sur les violences commises en Côte d'Ivoire


Rédigé le Mercredi 25 Mai 2011 à 09:46 | Lu 820 commentaire(s)


Amnesty International publie un rapport accablant sur les violences perpétrées en Côte d’Ivoire depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle le 28 novembre 2010. Résultat de six mois d’enquête sur le terrain, le rapport est intitulé : Ils ont regardé sa carte d’identité et l’ont abattu. Un titre coup de poing pour un bilan des exactions commises dans la ville d’Abidjan et dans l’ouest du pays, et une expertise en signe d’avertissement pour le nouveau président Alassane Ouattara : le pays ne pourra se reconstruire sans faire face à ses responsabilités.


Un rapport accablant d'Amnesty International sur les violences commises en Côte d'Ivoire
Devant le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître les résultats certifiés par l’ONU, Alassane Ouattara et ses partisans organisent une marche le 16 décembre 2010 dans le but de prendre le contrôle de la RTI (Radio Télévision ivoirienne). Le rapport d’Amnesty International pointe « l’usage excessif de la force » par le camp Gbagbo. Des passants abattus pour leur appartenance à des quartiers pro-Ouattara, dans la rue ou bien chez eux. Des individus ayant un patronyme musulman ont aussi été ciblés et parfois tués. Les membres des forces de sécurité ont également tiré sur des femmes qui manifestaient de manière pacifique dans le quartier d’Abobo à Abidjan, le 3 mars 2011. Beaucoup de témoignages poignants recueillis par les enquêteurs d’Amnesty International. Témoignages qui font état également d’arrestations et de disparitions.

Fin février 2011, les forces de sécurité loyales à Laurent Gbagbo ont commencé à tirer des obus de mortier sur des zones fortement peuplées dans la commune d’Abobo, qui était passée sous le contrôle d’éléments armés, le « Commando invisible », hostiles à Laurent Gbagbo. Ces tirs ont causé la mort de nombreux Ivoiriens notamment sur un marché dans la commune d'Abobo, tuant au moins 20 personnes et en blessant environ 60 autres. Ce même « Commando invisible » avait lui-même le 11 et 12 janvier lancé des attaques contre des cibles militaires et civiles. Six policiers avaient été tués. Ce groupe armé autoproclamé, hostile à Gbagbo a commis des atteintes graves aux droits humains en s’en prenant notamment à l’ethnie ébrié.


Une délégation d’Amnesty a recueilli plus de 100 témoignages de personnes ayant échappé au massacre de Duékoué, le 29 mars 2011. Les FRCI, les forces fidèles à Alassane Ouattara ont, selon l’ensemble des témoignages, exécuté des hommes de tous âges sur la base de leur appartenance ethnique et politiques. Un systématisme morbide raconté par une survivante : « Ils sont entrés dans les cours et ont chassé les femmes. Puis, ils ont demandé aux hommes et aux jeunes de s’aligner et leur ont demandé de décliner leurs prénoms et noms et de présenter leurs cartes d’identité. Puis, ils les ont exécutés... »

Peu ont eu la vie sauve. Signe de reddition ou pas, les exécutions se sont enchaînées à l’arme blanche ou à l’arme automatique. D’autres victimes ont péri brûlées dans leurs maisons. Manifestement visées, les populations appartenant à l’ethnie guérée. Mais certains individus guérés ont pu échapper à leurs assaillants en prouvant leur soutien à Alassane Ouattara.

La présence de mercenaires libériens et de miliciens loyaux à Laurent Gbagbo a également donné lieu à de graves exactions dans cette partie du pays. 47 personnes originaires du nord du pays auraient été tuées à la préfecture de Blolequin (à 80 km de Duékoué) fin mars 2011.

Les violences sexuelles

Les femmes en Côte d’Ivoire ont été victimes de nombreuses violences sexuelles. Le travail sur le terrain a permis de recueillir des témoignages de femmes violées par les forces loyales à Laurent Gbagbo. A Abidjan, Amnesty International a enquêté. L’une d’elle raconte : « Le 19 décembre [2010], ils sont venus chez moi à Abobo au milieu de la nuit ; je dormais avec mon mari et les enfants. Ils ont frappé à la porte. La porte donne sur la rue. On n’a pas ouvert. Ils ont cassé la porte ; la porte était en bois. Ils sont rentrés ; ils étaient huit ; quatre en civil et quatre corps habillés en treillis foncé et cagoulés. Deux ont emmené mon mari dehors et six sont venus vers moi. Ils m’ont demandé de me déshabiller et lorsque je ne l’ai pas fait, ils se sont jetés sur moi. Ils m’ont tous violée à tour de rôle ». Certaines ont été violées en détention. D’autres enlevées puis violées par des militaires et miliciens pro-Gbagbo.

Dans le camp adverse, les mêmes histoires recueillies dans l’ouest du pays. A Mahapleu, une lycéenne âgée de 15 ans raconte comment elle a été violée par un commandant des FAFN (groupe d’opposition armé sous le contrôle de Guillaume Soro), mi-janvier 2011 : « Je rentrais chez moi, vers 16 heures. Le commandant des Forces nouvelles m’a forcé à monter dans son véhicule, m’a emmenée dans la brousse, à l’extérieur du village, et m’a violée à l’arrière du véhicule ». D’autres témoignages figurent dans le rapport sur des cas de viols et de violences sexuelles par des membres de FRCI dans la région de Duékoué.

L’inaction de l'Onuci

Stéphane Oberreit

Membre d'Amnesty International

Les gens appelaient à l'aide. les soldats de l'ONUCI sont passés tout près du quartier qui était à feu et à sang, ils ne sont pas intervenus.

Le rapport de l’ONG est également très critique sur le rôle de l’Onuci. Bien que des témoignages attestent que la force d’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire a maintes fois été prise pour cible (attaques verbales et physiques) par les forces loyales à Laurent Gbagbo, elle n’a que très peu joué son rôle de protection des civils. Notamment lors du massacre de Duékoué. Une femme a déclaré : « Je suis allée voir les gens de l’Onuci pour leur dire que nos hommes et nos garçons étaient en train de se faire massacrer et qu’il fallait intervenir et ils n’ont rien fait ». Pour Amnesty, c’est un nombre insuffisant de soldats dans cette région qui explique l’absence de protection des populations.

Contacté par RFI, l'Onuci n'a pas souhaité réagir..Elle a dépéché une commission d'enquête à Duékoué, et ses conclusions seront rendues publiques à la fin de la semaine, selon le porte-parole Hamadoun Touré.

Une situation encore très fragile après l’arrestation de Laurent Gbagbo

Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty International estime que la situation n’est toujours pas stable. Depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo, « des atteintes aux droits humains sont toujours commises contre des partisans avérés ou supposés de Laurent Gbagbo à Abidjan et dans l’ouest du pays ».

Salvatore Saguès, chercheur à Amnesty international sur la Côte d'Ivoire témoigne.

Salvatore Saguès

Chercheur à Amnesty International sur la Côte d'Ivoire:

Les partisans avérés ou supposés de Laurent Gbagbo continuent à être pourchassés. Il faut que le Président punisse les auteurs d'exactions et que ces exactions cessent.

Des hommes armés favorables à Alassane Ouattara, à la recherche de miliciens favorables à l'ex-président, ont pillé de nombreux villages, faisant fuir les populations. Un chef de village a déclaré à Amnesty International, le 9 mai 2011 :« Depuis le 6 mai, les FRCI et les populations allogènes se livrent à des exactions innombrables contre nous. Il y a des morts partout et comme les gens ont fui en brousse, il n’y a personne pour enterrer les cadavres qui sont exposés sur la route. Derrière tout ça, il y a un problème foncier car les allogènes veulent prendre nos terres ». Enfin, l’ONG s’inquiète du sort réservé à la famille Gbagbo, maltraitée pendant leur arrestation et détenue sans procès jusqu’à aujourd’hui.

Un bilan en forme d’avertissement

« Sans justice pour toutes les victimes, quelle que soit leur appartenance politique ou leur groupe ethnique, les appels à la réconciliation risquent de déboucher sur un compromis instable et insatisfaisant qui pourrait faire le lit de violences et de vengeances futures », estime Amnesty International. L’ONG salue à ce titre la demande faite par Alassane Ouattara à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter en Côte d’Ivoire, de même que la promesse d’une Commission vérité réconciliation à condition de « remplir les critères et les normes établis par le droit international ».



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