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​«Comment j’ai survécu à 2 mois de captivité aux mains de Boko Haram», Samba Gano



​«Comment j’ai survécu à 2 mois de captivité aux mains de Boko Haram», Samba Gano
Originaire de la commune de Vélingara, Samba Gano est de ces jeunes Africains obnubilés par l’eldorado européen. Lui a choisi comme nombre de candidats à l’immigration clandestine, de rallier les côtes européennes par la route via Bamako, Ouagadougou, Niamey, Agades et Tripoli. Une aventure des plus cauchemardesques qui restera indélébilement gravé dans sa mémoire. Entre prise d’otages par des combattants de Boko Haram, périple épouvantable, la fringale, l’épuisement, le froid de canard du désert, Samba Gano se souvient de tout.
 
«Samba Gano est mon nom à l’état civil. Je suis né le 10 mars 1985 à Vélingara…Tailleur de profession, je suis marié à deux (2) épouses et père de trois (3) enfants…J’anime une émission musicale les lundi et jeudi, c’est juste une passion », campe ce dernier qui précise avoir toujours été tenté par l’aventure, ce depuis sa plus tendre jeunesse. «Plus qu’un défi, c’était devenu à la limite une véritable obsession, je rêvais d’émigrer en Italie pour monnayer mes talents et offrir aux miens une vie meilleure. Si cet idée ne pas jamais quitté, c’est qu’ici le travail ne nourrit pas son homme », indique Samba.
 
Dans une interview accordée à «l’Observateur», il souligne que «son rêve était de rallier lêve était de rallier l’Italie par la route via la Libye où il envisageait de rester un moment. «Lorsque je quittais Vélingara, je n’avais en poche que 35.000 F CFA, j’ai pris le départ un dimanche du mois d’octobre dernier, je me suis rendu à la gare routière où j’ai payé le billet (2.500 F CFA) pour Tamba. Ayant quitté à 11 h 30, nous sommes arrivés vers 13 heures. J’ai embarqué le même jour vers 17h30 dans un autre véhicule en partance pour Bamako (Mali). Je suis arrivé le lendemain lundi à 17 heures. J’y ai passé la nuit », narre-t-il. Samba Gano  a partagé le trajet Tamba-Bamako avec trois (3) autres candidats à l’immigration et en partance pour Agades au Niger, ils ont payé 86.000 F CFA. «Une fois à Bamako, ils ont poursuivi leur chemin (Agades) m’y laissant », formule-t-il.
 
Et de poursuivre : «Je ne connaissais personne à Bamako. J’étais comme perdu au milieu de nulle part. Après moult réflexions, j’ai interpellé un chauffeur de taxi à qui je me suis confié. Sensible à ma situation, il m’a conduit, moyennant 1000 F CFA chez un marabout-bienfaiteur du nom de Thierno Diakho. J’y ai été accueilli, hébergé, nourri et blanchi. J’y ai passé 21 jours que j’ai mis à profit pour gagner de l’argent en exerçant mon métier de tailleur. J’ai quitté Bamako pour un long voyage qui devait me conduire jusqu’à la ville d’Agades (Niger), une localité de transit pour rallier la Libye ».
 
«Nous avions roulé toute la nuit et pratiquement toute la journée suivante avant d’arriver à Niamey au coucher du soleil. Nous étions lessivés par ce long voyage et affamés. Après une escale de deux (2) jours, nous quittions Niamey pour Agades que nous avons rallié vers 17 heures. Là, j’ai croisé onze (11) autres candidats voulant rallier Tripoli… », narre le tailleur.
 
Pour Samba Gano et les autres, les choses se sont gâtées dans le désert. «Après deux (2) jours de recherches, nous finîmes par croiser le conducteur d’un véhicule 4x4, un colporteur libyen qui convoie de la marchandise de la Libye à Agades. Nous avons discuté avec lui et il a accepté de nous transporter dans la localité de Sahaba en Libye, moyennant 50.000 F CFA par personne. Le principe acquis, les douze (12) passagers (5 Sénégalais, 3 Gambiens, 2 Ivoiriens et 2 Camerounais) avons embarqué au quatrième jour vers 12 heures ». Et «affrontant le grand désert avec ses dunes de sable à perte de vue, nous avons roulé toute la nuit et le lendemain à 17 heures, le chauffeur a été obligé de d’immobiliser le véhicule au milieu de nulle part pour nous permettre de nous désaltérer et de grignoter quelque chose…C’est après avoir parcouru plusieurs kilomètres que nous sommes tombés sur une bande de combattants armés et encagoulés du groupe terroriste Boko Haram. Ils étaient lourdement armés et roulaient à bord de deux (2) véhicules 4x4 », relate Samba Gano.
 
Sur ces conditions de détention, ce dernier explique : «J’ignorais si nous étions en territoire nigérien ou libyen…Nous avons roulé quatre (4) jours durant dans le désert avant d’être débarqués quelque part dans une vaste cour contigüe à un hangar de fortune à ciel ouvert. C’est là que nous avons été emprisonnés. Outre la fatigue, la faim, nous vivions avec l’angoisse d’une mort certaine…On dormait à peine le sol, constamment surveillés de jour comme de nuit par des gardes le doigt sur la gâchette…Nous avons vécu dans ce milieu de détention deux (2) mois durant dans des conditions climatiques insoutenables, il faisait un froid de canard. Si jamais vous refusiez d’obtempérer à une injonction, ils se débarrassaient de vous comme ils l’ont fait avec les deux (2) Camerounais».
 
«Un jour à 04 heures du matin, ils sont revenus avec un groupe d’otages beaucoup plus important que le nôtre. Quelques instants après, ils nous ont sommés de quitter les lieux. «Vous êtes maintenant libres. Prenez toutes vos affaires et partez », nous ont-ils intimé», sert Samba Gano. 


Mercredi 24 Février 2016 - 13:34


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