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Élections au Kenya: des femmes se battent pour faire entendre leur voix

Le 9 août prochain, les Kényans sont appelés aux urnes pour des élections générales. Comment abordent-ils cette échéance ? Quel bilan tirent-ils des deux mandats d’Uhuru Kenyatta et qu’attendent-ils de son successeur ? Les correspondants et envoyés spéciaux de RFI ont sillonné le pays pour une série de reportages. Ce jeudi 28 juillet, RFI se penche sur la place des femmes dans le paysage politique. La candidature de Martha Karua à la vice-présidence marque un tournant, mais les obstacles pour les femmes restent nombreux. Reportage à Lamu, île réputée conservatrice de la côte kényane, où pour la première fois une femme est candidate au poste de gouverneure.



Élections au Kenya: des femmes se battent pour faire entendre leur voix
Foulard bleu et blanc sur la tête, bras croisés, la mine déterminée, Omar Umra pose fièrement sur son affiche de campagne. Derrière elle, Julius Ndegwa, un homme, un ancien député. Il a accepté d’être son colistier, une image inhabituelle dans la conservatrice île de Lamu, mais plus pour longtemps, espère la candidate : « C'est amusant parce que c’est banal dans la vie que les femmes soient devant, puisqu’elles sont les piliers de nos communautés. Mais pas en politique. Que se passe-t-il en cours de route ? Beaucoup de mauvaise éducation… Donc, pour moi, c’est une campagne très excitante... D’être en première ligne pour montrer que c’est là que les femmes doivent être ! ».
 
Figure de la société civile, déjà connue pour avoir créé à Lamu une ONG très respectée, Omar Umra chez certain l’enthousiasme, en témoignage cette chanson composée par des artistes locaux, mais sa candidature secoue le paysage politique de Lamu : « Je trouve très sain que ce genre de débat ait lieu, même si cela implique de prendre des coups. Je suis heureuse de le faire, car je pense que cette discussion est plus que nécessaire au XXIe siècle. »
 
Et les coups ne manquent pas. Incompréhension, critique, insultes parfois, raconte Mohamed Atman, l’un de ses plus fervents soutiens dans cette campagne : « Certains se mettent en colère. D’autres nous disent qu’une femme ne peut pas diriger. Ils invoquent la religion en disant qu’elle ne permettrait pas aux femmes de diriger des hommes ou la société. D’autres disent que, biologiquement, une femme ne peut pas être élue puisque, chaque mois, elle a ses règles, et qu’elle peut tomber enceinte… Ce genre de choses ».
 
L’influence croissante des réseaux sociaux n’a rien arrangé. Merci Mwangi dirige l’association des femmes parlementaires du Kenya, elle s’alarme d’une augmentation du harcèlement en ligne des candidates femmes à l’approche du scrutin : « La plupart des candidates subissent du harcèlement sexuel en ligne, ou des remarques sexistes. Et cela a un impact majeur sur la participation des femmes à la vie politique car, à moins d'être très audacieuses, la plupart d'entre elles ont tendance à éviter de se mettre en avant sur les réseaux sociaux. Certaines ont même désactivé leur compte. C’est démotivant, c’est démoralisant, et c'est mauvais pour leur campagne »
 
La Constitution du Kenya prévoit que les organes publics électifs ne doivent pas être composés à plus de deux tiers de membres du même sexe. 12 ans après son entrée en vigueur, les Kényanes occupent toujours moins de 10% de l’ensemble des postes électifs du pays.

RFI

Jeudi 28 Juillet 2022 - 14:18


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