Militants des droits de l’homme, journalistes, avocats, académiciens, hommes d’affaires, politiciens de l’opposition… les téléphones de plus de 1 000 personnes, venant de tous les secteurs de la société civile indienne, auraient été infiltrés par le logiciel israélien Pegasus, et la vie de leurs utilisateurs espionnée de manière potentiellement illégale.
Un membre de la commission électorale visé
L’enquête menée par 17 journaux du monde entier, dont The Wire en Inde, grâce aux informations fournies par l’organisation française Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International, révèle que le dirigeant indien de l’opposition, Rahul Gandhi, a été visé par cette attaque, ainsi que l’un des trois membres de la commission électorale, lors de la dernière élection législative nationale de 2019.
Ashok Lavasa avait été le seul à juger que le Premier ministre sortant, Narendra Modi, avait enfreint le code de conduite des élections et devait être sanctionné pour cela. Son téléphone a été ajouté à cette liste de surveillance juste après cette décision.
Ce maliciel modulaire (modular malware, en anglais) est développé par la firme israélienne NSO et vendu, selon elle, « uniquement aux États », pour lutter contre le terrorisme - un objectif largement dévoyé en Inde. Il peut être installé discrètement sur un téléphone à travers un simple appel manqué ou une faille dans une des applications installées.
À partir de là, Pegasus peut lire tout le contenu du smartphone, écouter les conversations et même utiliser son appareil photo. Le gouvernement indien affirme qu’aucun espionnage illégal n’a été mené, mais il n’a jamais démenti avoir acheté le logiciel Pegasus. Devant le Parlement, le ministre fédéral des Nouvelles technologies a affirmé ce lundi 19 juillet qu’« il n’y a pas de preuves que Pegasus est utilisé pour de l’espionnage ».
Des journalistes très ciblés
Selon The Washington Post, sur les 1 000 numéros indiens ciblés, les enquêteurs ont pu vérifier l’identité de 300 de leurs propriétaires et ont réalisé une analyse sur 22 d’entre eux. Il a été confirmé que 10 d’entre eux ont été attaqués avec Pegasus, dont 7 avec succès. Les offensives sur les douze restants n’ont généralement pas pu être établies, car elles impliquaient des téléphones Android, qui ne mémorisent pas les informations nécessaires pour cela.
L’une des catégories les plus ciblées est clairement les journalistes : 40 d’entre eux se trouvent sur cette liste d’écoute. Parmi eux, cinq journalistes du site d’investigations The Wire, dont un qui a été inclus juste après avoir publié des enquêtes sur le fils du ministre de l’Intérieur. Le numéro du journaliste de The Indian Express, Sushant Singh, est également apparu à la mi-2018, au moment où il travaillait sur les accusations de corruption qui entouraient l’achat des avions de chasse Rafale à la France. Les analyses ont confirmé que son téléphone avait encore des traces d’infection à ce virus au début de l’année.
« Seul un gouvernement peut dépenser autant d’argent dans une telle opération »
C’est également entre 2018 et 2019 que la vie de Swati Chaturvedi aurait été espionnée. Cette journaliste d’investigations travaillait alors sur un livre, publié depuis sous le nom « I am a troll » (je suis un troll, en français), qui décrit comment le parti nationaliste hindou du BJP, au pouvoir, organisait le harcèlement de ses opposants en ligne.
« Du fait de mon métier, je suis habituée à être surveillée, explique-t-elle. Mais cet espionnage-là est beaucoup plus intrusif : ils pouvaient utiliser le micro et l’appareil photo de mon téléphone, ce qui est une horrible invasion de ma vie privée ! Et ils auraient aussi pu placer des documents compromettants pour m’accuser de terrorisme ». Selon elle, il n’y a aucun doute que le gouvernement de Narendra Modi est responsable de cet espionnage : « Seul un gouvernement peut dépenser autant d’argent dans une telle opération », estime-t-elle.
« Ils veulent intimider les journalistes »
Le logiciel coûte environ 6 millions d’euros par an et par licence, utilisable contre 50 téléphones seulement. « Leurs motivations sont claires, poursuit-elle. Ils veulent intimider les journalistes, de la même manière que le gouvernement de Narendra Modi attaque, depuis sept ans, toute personne qui ose exprimer un désaccord avec sa politique ».
Plusieurs journalistes critiques ont été poursuivis pour sédition ou terrorisme ces dernières années, et Swati Chaturvedi a subi d’autres pressions de la part du pouvoir, ce qui prouverait l’intérêt de ce dernier à la faire taire. « Plusieurs emplois m’ont été étrangement refusés, j’ai été empêchée de parler à une ambassade étrangère et ai subi des attaques régulières de trolls du BJP », raconte-t-elle.
Ces attaques personnelles ont été dénoncées par Reporters sans frontières, qui classe cette année Narendra Modi comme un prédateur de la liberté de la presse et place l’Inde à la 142e place de son classement, en chute de neuf places en quatre ans.
Un membre de la commission électorale visé
L’enquête menée par 17 journaux du monde entier, dont The Wire en Inde, grâce aux informations fournies par l’organisation française Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International, révèle que le dirigeant indien de l’opposition, Rahul Gandhi, a été visé par cette attaque, ainsi que l’un des trois membres de la commission électorale, lors de la dernière élection législative nationale de 2019.
Ashok Lavasa avait été le seul à juger que le Premier ministre sortant, Narendra Modi, avait enfreint le code de conduite des élections et devait être sanctionné pour cela. Son téléphone a été ajouté à cette liste de surveillance juste après cette décision.
Ce maliciel modulaire (modular malware, en anglais) est développé par la firme israélienne NSO et vendu, selon elle, « uniquement aux États », pour lutter contre le terrorisme - un objectif largement dévoyé en Inde. Il peut être installé discrètement sur un téléphone à travers un simple appel manqué ou une faille dans une des applications installées.
À partir de là, Pegasus peut lire tout le contenu du smartphone, écouter les conversations et même utiliser son appareil photo. Le gouvernement indien affirme qu’aucun espionnage illégal n’a été mené, mais il n’a jamais démenti avoir acheté le logiciel Pegasus. Devant le Parlement, le ministre fédéral des Nouvelles technologies a affirmé ce lundi 19 juillet qu’« il n’y a pas de preuves que Pegasus est utilisé pour de l’espionnage ».
Des journalistes très ciblés
Selon The Washington Post, sur les 1 000 numéros indiens ciblés, les enquêteurs ont pu vérifier l’identité de 300 de leurs propriétaires et ont réalisé une analyse sur 22 d’entre eux. Il a été confirmé que 10 d’entre eux ont été attaqués avec Pegasus, dont 7 avec succès. Les offensives sur les douze restants n’ont généralement pas pu être établies, car elles impliquaient des téléphones Android, qui ne mémorisent pas les informations nécessaires pour cela.
L’une des catégories les plus ciblées est clairement les journalistes : 40 d’entre eux se trouvent sur cette liste d’écoute. Parmi eux, cinq journalistes du site d’investigations The Wire, dont un qui a été inclus juste après avoir publié des enquêtes sur le fils du ministre de l’Intérieur. Le numéro du journaliste de The Indian Express, Sushant Singh, est également apparu à la mi-2018, au moment où il travaillait sur les accusations de corruption qui entouraient l’achat des avions de chasse Rafale à la France. Les analyses ont confirmé que son téléphone avait encore des traces d’infection à ce virus au début de l’année.
« Seul un gouvernement peut dépenser autant d’argent dans une telle opération »
C’est également entre 2018 et 2019 que la vie de Swati Chaturvedi aurait été espionnée. Cette journaliste d’investigations travaillait alors sur un livre, publié depuis sous le nom « I am a troll » (je suis un troll, en français), qui décrit comment le parti nationaliste hindou du BJP, au pouvoir, organisait le harcèlement de ses opposants en ligne.
« Du fait de mon métier, je suis habituée à être surveillée, explique-t-elle. Mais cet espionnage-là est beaucoup plus intrusif : ils pouvaient utiliser le micro et l’appareil photo de mon téléphone, ce qui est une horrible invasion de ma vie privée ! Et ils auraient aussi pu placer des documents compromettants pour m’accuser de terrorisme ». Selon elle, il n’y a aucun doute que le gouvernement de Narendra Modi est responsable de cet espionnage : « Seul un gouvernement peut dépenser autant d’argent dans une telle opération », estime-t-elle.
« Ils veulent intimider les journalistes »
Le logiciel coûte environ 6 millions d’euros par an et par licence, utilisable contre 50 téléphones seulement. « Leurs motivations sont claires, poursuit-elle. Ils veulent intimider les journalistes, de la même manière que le gouvernement de Narendra Modi attaque, depuis sept ans, toute personne qui ose exprimer un désaccord avec sa politique ».
Plusieurs journalistes critiques ont été poursuivis pour sédition ou terrorisme ces dernières années, et Swati Chaturvedi a subi d’autres pressions de la part du pouvoir, ce qui prouverait l’intérêt de ce dernier à la faire taire. « Plusieurs emplois m’ont été étrangement refusés, j’ai été empêchée de parler à une ambassade étrangère et ai subi des attaques régulières de trolls du BJP », raconte-t-elle.
Ces attaques personnelles ont été dénoncées par Reporters sans frontières, qui classe cette année Narendra Modi comme un prédateur de la liberté de la presse et place l’Inde à la 142e place de son classement, en chute de neuf places en quatre ans.
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