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Itamar Ben Gvir, un ultranationaliste accusé d’avoir attisé les violences à Jérusalem

Le chef de la police en Israël a accusé le député Itamar Ben Gvir d'avoir mis de l'huile sur le feu à Jérusalem et d'être en partie responsable des violentes manifestations qui ont rallumé les mèches du conflit israélo-palestinien. Retour sur le parcours de cet ultranationaliste dont l’entrée en mars à la Knesset semble avoir renforcé la confiance de l'extrême droite israélienne.



Le chef de la police en Israël a accusé le député Itamar Ben Gvir d'avoir mis de l'huile sur le feu à Jérusalem et d'être en partie responsable des violentes manifestations qui ont rallumé les mèches du conflit israélo-palestinien. Retour sur le parcours de cet ultranationaliste dont l’entrée en mars à la Knesset semble avoir renforcé la confiance de l'extrême droite israélienne.

“La personne qui est responsable de cette Intifada est Itamar Ben Gvir”. Le chef de la police en Israël, Kobi Shabtaï, n’a pas mâché ses mots lors de ce briefing matinal avec Benjamin Netanhayu. Selon lui, les provocations du député de l’ultradroite et de ses partisans ont attisé la colère des Palestiniens et provoqué les violents affrontements qui ont secoué Jérusalem la semaine dernière.

Itamar Ben Gvir n’a pas tardé à réagir en affirmant jeudi 13 mai que Kobi Shabtai devait être licencié et a accusé la police de ne pas avoir suffisamment eu recours à la force pour maîtriser les manifestations arabes.

Parmi les coups d’éclat du député, l’installation d’un bureau la semaine dernière en plein Cheikh Jarrah, ce quartier de Jérusalem-Est devenu le symbole de la colonisation israélienne. Fin avril, ce sont ses alliés du Lehava, un mouvement qui prône l’interdiction des mariages entre Juifs et non Juifs qui mettaient le feu aux poudres en criant “Mort aux Arabes”, à proximité de la porte de Damas.

“Le chef de la police n’a sans doute pas été à la hauteur des événements depuis le début de la crise mais il a raison de dire qu'Itamar Ben Gvir et sa mouvance ont joué un rôle dans cette crise", confirme pour France 24 l’historien Simon Epstein qui pointe également du doigt la stratégie de la confrontation menée par les extrémistes islamistes. “Le résultat : des déferlements de violence à Jérusalem qui se sont ensuite étendus aux villes mixtes dans le pays”.

“Rhétorique agressive”

C’est à seulement 19 ans qu’Itamar Ben Gvir fait une entrée fracassante dans la vie publique israélienne. En 1995, dans un climat haineux à la suite des accords d'Oslo avec les Palestiniens, il brandit devant les caméras l'insigne de la voiture du Premier ministre Yitzhak Rabin.

"On est arrivé jusqu'à ce symbole. On arrivera jusqu'à lui", avait-il dit. Yitzhak Rabin sera assassiné par un extrémiste juif quelques semaines plus tard.

Inculpé plus d’une cinquantaine de fois par la justice depuis son adolescence notamment pour incitation à la haine, le suprémaciste juif finit par devenir avocat pour dit-il, “se défendre lui-même”.

“Il est devenu l’avocat attitré de tous les fanatiques et des militants d’extrême-droite”, explique Denis Charbit, professeur de science politique à l’université ouverte d’Israël à Raanana, joint par France 24.

En 2006, par exemple, il défend deux adolescents accusés d’avoir participé à l’attaque d’une maison en Cisjordanie où deux parents et leur bébé ont été brûlés vifs.

Régulièrement invité sur les plateaux de télévision pour créer la polémique et faire grimper l’audimat, Itamar Ben Gvir est “une personnalité haute en couleur avec une répartie hors-pair. Il use d’une rhétorique agressive et tient des propos très acerbes et violents”, précise Denis Charbit. “En résumé, il dit : ‘Nous sommes les meilleurs et nous allons les mater’”. 


Héritier du Kahanisme

Le discours xénophobe porté par Itamar Ben Gvir trouve son origine dans l’idéologie défendue par Meir Kahane, un rabbin extrémiste qui souhaitait l’instauration d’un état théocratique et l’expulsion de tous les Arabes d’Israël.

Ses idées nauséabondes rebutaient tellement la classe politique israélienne que lors de ses interventions à la Knesset, où il fut député entre 1984 et 1988, tous ses collègues quittaient l’enceinte du Parlement. Assassiné en 1990, son parti a fini par être interdit en 1994 pour terrorisme et racisme.

“Meir Kahane a laissé derrière lui plusieurs héritiers, détaille Simon Epstein. Mais le plus intelligent c’est Ben Gvir. Ce dernier a compris qu’il fallait un peu adoucir ce discours raciste car sans cela, il ne pourrait jamais entrer à la Knesset”. 

Après trois tentatives infructueuses, Itamar Ben Gvir finit en effet par être élu député en mars dernier, en prenant la tête d’une coalition de partis sionistes religieux.

“Banjamin Netanyahu a poussé très fort pour que ces petites structures d’extrême droite s’allient à Itamar Ben Gvir”, rappelle Denis Charbit.

Visé par plusieurs procès pour corruption, le Premier ministre sortant jouait sa survie politique pendant ces élections. “Il était aux abois et tenait absolument à avoir une majorité au Parlement. Il a considéré qu'Itamar Ben Gvir était la solution”, analyse Simon Epstein. “C’était une victoire pour les franges de l’ultradroite raciste et un mauvais signe pour la coexistence entre Juifs et Arabes”.

Les spécialistes interrogés par France 24 s’accordent à dire que l’entrée au Parlement d’une coalition ultraconservatrice emmenée par Itamar Ben Gvir a conforté des groupuscules virulents de suprémacistes juifs dans la violence et renforcé leur sentiment d’impunité.

France24

Vendredi 14 Mai 2021 - 18:56


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