Trois fortes détonations
Rotterdam a été secouée par une fusillade dans une résidence du centre-ville vers 14 heures ce jeudi. La maison était habitée par Marlous, une femme de 39 ans, et ses quatre filles. Deux d’entre elles s’y trouvaient lorsque Fouad L., a subitement tiré sur leur maison. L’une des jumelles de 14 ans, grièvement blessée, est finalement décédée dans la soirée. La mère a succombé à ses blessures devant la maison.
Les voisins ont entendu trois fortes détonations. Le suspect a ensuite mis le feu, vraisemblablement d’abord à sa propre maison. L’incendie s'est ensuite propagé à la maison des victimes.
Selon une amie proche de Marlous, interrogée par nos collègues néerlandais d’Algemeen Dagblad, celle-ci avait dénoncé son voisin à la police pour cruauté envers les animaux. “Il avait des animaux. Des lapins et plus tard un chiot. Chaque fois que je venais lui rendre visite, j’entendais le bruit de ce petit chien qui hurlait et qui recevait constamment des coups de pied”, a-t-elle rapporté. Selon son amie, les animaux ont été saisis par les services de protection.
À moto vers l’hôpital universitaire
Le suspect a ensuite sauté sur sa moto pour rejoindre le complexe hospitalier Erasmus MC, situé à environ 1,5 kilomètre de là. Une fois sur place, il s’est immédiatement rendu au quatrième étage, où Jurgen Damen, un médecin généraliste de Rotterdam âgé de 43 ans et chargé de cours, enseignait. Selon des témoins, le tireur est entré dans la salle de classe et aurait crié “C’est l’heure”, avant de tirer cinq fois en direction du professeur, qui est décédé sur place.
Jurgen Damen laisse une femme et une fille derrière lui. Il a commencé à travailler comme médecin généraliste à Rotterdam en 2010. Il travaillait depuis cinq ans dans un centre médical dans le sud de la ville, où il donnait des consultations deux jours par semaine. Depuis 2013, il était également chargé de cours à la faculté de médecine de l’hôpital universitaire.
“C’est incroyable”, a déclaré un médecin généraliste de Rotterdam, Matthijs van der Poel, cité par Algemeen Dagblad. “Tout le monde est choqué et suit horrifié les nouvelles. Il faut être fou pour faire une telle chose.”
Après la fusillade dans la salle de classe, le suspect a pris la fuite dans les couloirs de l’hôpital. Selon des témoins, il a bouté le feu à l’hôpital pour enfants en jetant un cocktail Molotov par-dessus une balustrade. L'établissement a été évacué et le personnel et les patients sont sortis en courant, pris de panique.
Gilet pare-balles
Vers 15h30, une équipe d’intervention a pu maîtriser le tireur sur un parking situé sous l’héliport de l’hôpital. L’homme portait une arme à feu et un gilet pare-balles. On ignore s'il avait d’autres projets en tête.
La police néerlandaise suppose qu’il s’agit d’actions ciblées. En effet, les deux premières victimes sont les voisines du suspect, qui aurait lui-même étudié à la faculté de médecine. On ignore à ce stade si la troisième victime fut effectivement son professeur. Selon le ministère néerlandais de la Justice, l’homme est actuellement interrogé et coopère à l’enquête sur la fusillade. Rien n’a été officiellement révélé pour l’instant sur le lien avec les victimes et le mobile de l’auteur, mais tout porte à croire qu’il s’agit dans les deux cas d’un acte de vengeance.
Un comportement “inquiétant et psychotique”
Plus tard dans la journée, on a appris que la justice néerlandaise avait déjà alerté l’hôpital Erasmus dans un courriel au sujet du “comportement inquiétant et psychotique” de Fouad L. C’est ce qui ressort d’un message partagé par l’homme lui-même sur le média social 4Chan. Le parquet a confirmé l’authenticité du mail.
Dans cet email adressé aux instances universitaires, le parquet indique que l’homme avait “déjà eu affaire à la police et la justice à plusieurs reprises, ce qui a également conduit à une condamnation par le tribunal de Rotterdam”.
Il est précisé que l’individu a été condamné pour maltraitance animale. Il aurait tiré à l’arbalète sur des oiseaux et des poissons et aurait jeté des briques sur des lapins. Le courriel fait également état de faits de cruauté envers un chien. Des informations issues de témoignages y sont aussi partagées. Il en ressort que l’homme présenterait un “comportement inquiétant et psychotique”. Un témoin raconte comment il a aperçu l’individu “à moitié nu sur un tas de feuilles dans le jardin” en train de “hurler”.
Alcoolique et atteint du syndrome d’Asperger
Toujours selon ce mail partagé par l’auteur lui-même dans un message sur 4Chan (un site de partage d’images et de vidéos, ndlr), les enquêteurs auraient retrouvé des photos nazies et d’extrême droite dans son téléphone. Lors d’un interrogatoire, l’homme avait lui-même déclaré qu’il était alcoolique et atteint du syndrome d’Asperger.
Dans le message, l’auteur écrit qu’il est étudiant en médecine et qu’il n’a jamais eu d’amis, et encore moins de petite amie. Il raconte également qu’il lui a fallu plus de dix ans pour terminer ses études de médecine parce que l’université l’avait suspendu plusieurs fois “sans raison”.
L’auteur ne nie pas les faits dans sa publication. “J’ai été condamné simplement parce que quelqu’un avait filmé la façon dont je torturais stupidement un lapin”, a-t-il déclaré. Selon la chaîne publique NOS, c’est la voisine qui a filmé. Il pourrait s’agir de la femme abattue hier, mais cela n’a pas encore été officiellement confirmé.
“Mort à tous les normaux”
La fin de son message est peut-être le plus inquiétant. L’homme affirme que la police a informé son université des faits évoqués ci-dessus et que par conséquent, elle ne veut plus lui délivrer de diplôme. Pour lui, c’est un signal clair que “le monde entier déteste les personnes atteintes du syndrome d’Asperger”. “Conclusion: mort à tous les “normaux”, conclut-il.
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